Guerre de libération: la solidarité du peuple algérien, un facteur « majeur de réussite »

BOUIRA – La solidarité du peuple algérien avec l’Armée de libération nationale (ALN) et sa lutte pour la libération de l’Algérie du joug colonial était un facteur « majeur de réussite » pour l’indépendance du pays, témoigne l’ancien officier de l’Armée de libération nationale (ALN), Salah Ouzrourou, à la veille de la fête de l’indépendance nationale (5 juillet).

Un des rescapés des bombardements au napalm d’août 1960 à Boumahni (Tizi Ouzou), le moudjahid Ouzrourou, âgé de près de 82 ans, dit garder à ce jour cette belle image de solidarité des populations des villages avec la glorieuse ALN, qui cherchait alors à desserrer l’étau sur ses troupes encerclées dans les maquis durant l’infernale opération « Jumelles ».

« Dans la région II relevant de la zone 4 de la wilaya III historique, où j’activais en qualité d’agent de liaison, avant d’être nommé intendant régional, les villageois et les paysans qui nous approvisionnaient en nourriture, en médicaments et en habits, ainsi qu’en renseignements, nous ont beaucoup soulagés et nous ont donné du courage pour poursuivre le combat malgré les pertes enregistrées dans nos rangs », a-t-il dit.

Dans ses mémoires rédigées et parues au lendemain de l’indépendance et consacrées à ses missions militaires et paramilitaires assumées alors durant la période allant de 1957 jusqu’en mars 1962, cet ancien officier de l’ALN, natif de la région de Ain El Hamam (Tizi-Ouzou), témoigne que « le soutien des populations était le seul appui » pour faire face à l’opération Jumelles.

Le déploiement intense des forces ennemies autour des villages et agglomérations « n’a pas empêché les populations de Mizrana, Ath Hamsi, ou de Tassafth Ouguemmoune, ou d’autres villages, de nous approvisionner en denrées alimentaires ainsi qu’en renseignements », a témoigné Ouzrourou.

Plus de 50.000 soldats ont été mobilisés et déployés par l’ennemi pour cette opération d’envergure enclenchée par le général Challe en juillet 1959 dans la wilaya III historique, dont l’objectif était d’anéantir l’ALN dans les maquis et de reprendre ses positions stratégiques, selon les témoignages du moudjahid.

« Presque tous les villages et maquis de Kabylie étaient occupés par des convois militaires déployés par l’ennemi sur les crêtes, les collines, les villages, et les maquis pour empêcher les mouvements des moudjahidine. C’était vraiment difficile pour nous de se déplacer d’une zone à l’autre, mais nous avions toujours gardé le contact pour déjouer les ratissages successifs et les attaques des forces coloniales », se remémore-t-il.

M. Ouzrourou, qui porte à ce jour des traces de balles et d’éclats de bombes dans son corps, se souvient avec émotion de cet attachement indescriptible des populations, notamment des femmes paysannes, à l’ALN et à la lutte armée pour la libération du pays et pour l’indépendance. « Nous recevions toujours du soutien et du ravitaillement à chaque fois que nous traversions un village, et cela nous rendait plus déterminés et courageux pour continuer le chemin de la lutte armée », témoigne-t-il encore.

Pour le grand nombre d’Algériennes femmes au foyer, il était difficile de rejoindre les rangs du FLN en raison des responsabilités du quotidien à assumer. Mais ces femmes, connues sous le nom de moussebilates, ont fortement contribué à l’indépendance de l’Algérie depuis leur foyer.

Les tâches de ces femmes étaient multiples. Elles étaient agents de liaison, collectrices de fonds et d’objets divers, infirmières, secrétaires, couturières, agents de renseignements, propagandistes. Les moussebilates utilisaient leurs maisons pour héberger et ravitailler des moudjahidine de l’ALN. Leurs foyers étaient un refuge pour les combattants dans le besoin, et les soldats blessés venaient s’y réfugier pour recevoir des soins et des vivres.

« Malgré les centres de regroupement et de concentration installés dans les villages et forêts de Kabylie pour contrôler les populations, celles-ci ont réussi à défier le danger pour nous apporter leur précieuse aide et soutien. Leurs sacrifices étaient énormes », a-t-il estimé.

Dans son ouvrage intitulé « de la Révolution à la guerre d’Algérie, témoignage d’un rescapé de l’opération jumelle », l’officier Salah Ouzrourou a retracé son combat héroïque via une série de témoignages sur les différentes batailles et autres actions militaires et paramilitaires accomplies durant la période allant de 1956 à 1962.

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