PARIS- Le député de Haute-Garonne, Sébastien Nadot, a interpellé le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au sujet de l’expulsion de la militante française Claude Mangin du Maroc, lui demandant d’intervenir auprès des autorités marocaines.
Le député a estimé, dans une correspondance au ministre daté du 12 juillet, dont l’APS a obtenu une copie, que l’expulsion le 8 juillet de Claude Mangin, épouse du militant sahraoui Naâma Asfari, détenu dans la prison de Kenitra, s’est faite « au mépris total du droit international, alors qu’elle se rendait à la prison de Kenitra pour faire valoir son droit de visite ».
Il a rappelé que cette affaire et dommage subi ont été « suffisamment reconnus », le 16 mai 2019, par le Comité contre la torture (CAT) des Nation unies qui a examiné le cas de Naâma Asfari, pour la mention de cas soit inscrit dans le rapport annuel.
Dénonçant l’expulsion de cette ressortissante française en lui apportant son soutien, le député a appelé Jean-Yves Le Drian pour que la France lui apporte son soutien « sans réserve » et intervienne auprès des autorités marocaines pour qu’elle puisse rejoindre le Maroc et rendre visite à son époux.
Pour rappel, l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARSD) a dénoncé lundi l’expulsion du Maroc de Claude Mangin.
« L’Association des Amis de la RASD et toutes les associations en France et en Europe solidaires avec les Sahraouis ou simplement attentives à l’application d’un droit élémentaire, le droit de visite à un parent prisonnier, dénoncent cette nouvelle expulsion et déclarent leur total soutien à toutes les initiatives que pourra prendre Madame Mangin-Asfari pour pouvoir entrer dans la prison de Kenitra où se trouve enfermé son mari », a indiqué l’association française dans un communiqué.
Ce n’est pas la première fois que la militante française a été empêchée de rendre visite à son mari et expulsée du Maroc par les autorités marocaines.
En janvier dernier, grâce à l’intervention du Quai d’Orsay, elle a été autorisée à rendre visite à Naâma Asfari, détenu depuis novembre 2010, après sa condamnation à 20 ans d’emprisonnement sur la base d’aveux signés sous la torture pour sa participation au camp de protestation du camp sahraoui de Gdeim Izik.
Ce droit de visite lui avait été supprimé pendant 2 ans par les autorités marocaines qui, selon l’AARASD, veulent « punir » son engament aux côtés du peuple sahraoui en lui interdisant tout contact avec son mari.
En décembre 2016, rappelle-t-on, le Comité onusien contre la torture (CAT) avait condamné le Maroc pour de multiples violations de la Convention contre la torture : torture pendant l’arrestation, l’interrogatoire et la détention de Naâma Asfari, absence d’enquête sur les allégations de torture répétées, violation de l’obligation de garantir le droit de porter plainte à travers des représailles contre la victime et l’un de ses avocats, violation de l’obligation d’indemnisation et réparation, prise en compte d’aveux signés sous la torture et mauvais traitements en détention.
Deux ONG française et suisse activant dans la promotion et la défense des droits de l’homme avaient déposé, en juillet 2018, une plainte devant l’Onu pour les violations des droits de l’homme à l’égard des prisonniers politiques sahraouis, dont Naâma Asfari.
« Parce qu’il persiste à dénoncer les violations dont ses codétenus sahraouis et lui font l’objet, Naâma Asfari est sans cesse victime de représailles du gouvernement marocain. En réaction, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et le Service international des droits de l’homme (ISHR) saisissent une nouvelle fois les instances des Nations Unies afin qu’elles interpellent le Maroc ».
Claude Mangin, rappelle-t-on, avait engagé en mai 2018 une grève de la faim de 30 jours pour protester contre son empêchement par les autorités marocaines de rendre visite à son mari.
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