Etablissements hospitaliers: appels à investir davantage dans la prévention contre les infections nosocomiales

 

ALGER- Des experts et des responsables de la santé publique ont appelé les établissements hospitaliers à « investir davantage » dans les produits désinfectants et stérilisants les équipements pour éviter aux malades et au personnel de contracter des maladies nosocomiales, mettant l’accent sur l’importance de l’hygiène et le respect des mesures pour faire face à ce phénomène qui menace la santé publique.

Dans un entretien à l’APS, Pr Abdelkrim Soukhal, expert en épidémiologie a précisé qu’une « mauvaise hygiène des mains, principaux vecteurs de transmission des microbes et des bactéries, du personnel de la santé expose les malades aux infféctions nosocomiales », rappelant à titre d’exemple l’hôpital de Bologhine d’Alger qui a enregistré, ces dernières années, le décès de plusieurs malades après avoir contracté des infections nosocomiales.

Selon les analyses effectuées par l’Institut Pasteur, le tiers des microbes et bactéries répandus en milieu hospitalier est mortel et résistant aux antibiotiques, a-t-il précisé.

 Qualifiant de « catastrophique » l’hygiène des établissements hospitaliers, Pr Soukhal a indiqué qu’en dépit du fait qu’il veille en permanence sur l’hygiène en milieu hospitalier en donnant des instructions dans ce sens, il a lui même contracté une infection nosocomiale dans l’un des CHU d’Alger qui a nécessité un suivi médical.

 Pour sa part, le président de la Société algérienne d’infectiologie, Smaïl Mesbah, ancien directeur de la prévention au ministère de la Santé a mis en garde contre ce phénomène qui menace la santé publique, appelant le personnel du secteur au strict respect des règles d’hygiène, le respect des protocoles de soins, l’amélioration de l’environnement hospitalier, l’intensification des actions de sensibilisation et de formation ainsi que la mobilisation des moyens requis pour réduire la propagation de ce phénomène.

 En Algérie, les services hospitaliers enregistrent quotidiennement 54 à 85 tonnes de déchets à risque infectieux, soit 20.000 à 31.000 tonnes/an, a-t-il fait savoir, ajoutant que « si l’Algérie avait respecté les

engagements pris dans le cadre du programme de l’alliance mondiale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2013, la propagation de ces bactéries n’aurait pas pris plus d’ampleur ».

Le directeur du CHU Douéra (Alger ouest), Dr.  Mustapha Hamamou a reconnu, pour sa part, « la propagation des microbes à l’intérieur de l’établissement notamment dans les services de brûlures et de chirurgie orthopédique », mais aussi au niveau des services de chirurgie plastique et réparatrice ou encore d’anesthésie-réanimation, affirmant que la structure a pris des mesures strictes et a tracé une nouvelle stratégie de prévention.


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Rappelant l’acquisition par l’hôpital de nouveaux matériels pour lutter contre ces microbes, M. Hamamou a fait état également du recours de sa structure à l’utilisation de nouvelles techniques en impliquant l’ensemble des parties prenantes, en sus de l’application de mesures de surveillance.

« C’est désolant de voir un patient venir se faire soigner et attraper une autre maladie qui pourrait mettre fin à sa vie sans qu’il ne soit pour autant responsable », a-t-il déploré.

Comme mesure de précaution, l’administration procède à la stérilisation des services affectés par ces microbes en fins de semaines pour leur permettre de reprendre leur activité normalement au courant de la semaine, a-t-il souligné.

La chef d’unité d’hygiène à la même structure, Dr. Nadjet Bakhsa, a relevé « le non-respect des instructions nationales au sujet de l’hygiène en milieu hospitalier données par un groupe d’experts en 2015 », mettant l’accent sur l’impératif renforcement des moyens nécessaires pour lutter contres ces microbes et la consolidation de la surveillance notamment au sein des services les plus touchés.

Pour ce faire, poursuit Mme. Bakhsa, il faudrait « déclarer obligatoirement les cas d’atteinte relevés en milieu hospitalier », d’autant que les chiffres jusque-là révélés ne reflètent pas la situation réelle notamment après les études locales et nationales menées sur ce phénomène.

Afin de permettre aux établissements hospitaliers de réduire le taux de prévalence, et partant, à chaque service d’exercer ses fonctions de la meilleure façon qui soit, il est nécessaire de séparer le service d’hygiène du service d’infectiologie, a-t-elle conclu.

 

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