EPE: une série de recommandations en vue de renforcer le secteur public marchand

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EPE: une série de recommandations en vue de renforcer le secteur public marchand

ALGER – Les participants à la journée d’étude organisée à Alger par l’INESG sur le thème « organisation et fonctionnement des entreprises publiques: réalité et perspectives » ont formulé plusieurs recommandations en vue de permettre aux sociétés d’Etat de consolider leur position de se projeter dans l’exportation hors secteur pétrolier.

Des experts, des économistes et des dirigeants d’entreprises ont émis mercredi à l’occasion de la deuxième et dernière journée de la conférence initiée par l’Institut national d’études de stratégie globale une série de recommandations afin de soutenir les entreprises économiques publiques dont

celles portant sur l’investissement sur le capital humain, l’adoption des normes de qualité et la dépénalisation des actes de gestion afin de « libérer » les dirigeants des différentes contraintes rencontrées.

Dans ce contexte, le P-dg d’Algerac (organisme public d’accréditation), Noureddine Boudissa, a insisté sur l’élaboration et la mise en œuvre d’une « Stratégie nationale de la qualité » durant le période 2020-2024, affirmant que l’Algérie dispose d’un potentiel de 2000 laboratoires intervenants dans différents domaines (habitat, travaux publics, industries, santé ) pouvant être accrédités.

« Les produits algériens ne sont pas encore certifiés et protégés pour être exportés. ( ) Nous avons constaté l’inexistence de la fonction de qualité au sein de nos entreprises et même au sein de nos administrations », a déploré M. Boudissa ajoutant que les règlements techniques portant sur les normes de qualité des produits fabriqués où importés ne sont pas encore disponibles.

« Nous accusons un énorme retard qu’il va falloir rattraper surtout pour les secteurs économiques stratégiques d’où la nécessité d’aller vers une politique nationale de qualité », a-t-il proposé suggérant entre autres, la mise en place d’une agence nationale pour le suivi et la mise en œuvre du programme qualité.

De son côté, le professeur en droit et ancien ministre, Abdelhamid Berchiche, a abordé la question de la « dépénalisation des actes de gestion », en relevant l’absence de textes  « clairs » et « le flou » qui entoure certains articles du Code pénal sur la pénalisation et la dépénalisation des actes de gestion au sein des entreprises publiques (EPE) et établissements publics à caractère économique et commercial (EPIC).

M.Berchiche a appelé à la révision des articles de loi et à la création d’une cellule de veille juridique ou une commission qui planchera sur les moyens légaux pouvant renforcer la protection des cadres dirigeants de manière à éviter les poursuites et l’emprisonnement des gestionnaires des entreprises publiques.

 

Instabilité managériale et gestion de la ressource humaine, deux facteurs déterminants

 

L’autre réforme évoquée par les experts est celle ayant trait à la gestion des ressources humaines. A ce propos, l’enseignant chercheur de l’Ecole supérieure de commerce de Koléa (W.Tipaza), Rabah Omar a émis le souhait que l’appellation « ressource humaine » soit remplacée par celle de la « richesse humaine », comme l’avait déjà proposé l’économiste algérien Omar Aktouf, professeur à l’HEC de Montréal (Canada).

« Nous avons constaté que les directions des ressources humaines des entreprises algériennes s’occupaient beaucoup plus des affaires administratives que celles liées à la gestion des compétences.

Il faut aussi revoir les systèmes de motivation et de rémunération basés aujourd’hui sur les postes occupés et non pas sur les compétences assumées », a souligné encore M. Kechad.

« Toutes les études de référence mondiale ont confirmé que la Richesse humaine est un facteur de succès incontournable au niveau marco et micro économique », a-t-il en outre appuyé.

Pour sa part, le chercheur Omar Hemissi a mis l’accent sur l’instabilité des cadres dirigeants des entreprises publiques, citant les cas de celles issues du secteur des télécommunications (Algérie Poste et Algérie Télécoms) qui ont connu, durant la période 2004-2018, plus de 10 DG chacune, dont certains ont été relevés de leurs fonctions pour des raisons, selon lui, qui « n’avaient pas de lien avec les résultats de leurs gestions ».

« L’adoption d’un code de bonne gouvernance serait indispensable. Il n’est pas possible d’évoluer sans un plan d’orientation, de politique générale, de bilans », a-t-il fait observer.

Il a été aussi établi lors de cette conférence un rappel historique des différentes phases de développement du secteur public marchand. Sous le thème « le système organisationnel des entreprises publiques: légitimité historique et réalité économique », le professeur Mahfoud Derghoum a énuméré trois étapes essentielles: la phase initiale dite « l’industrie-industrialisante » des années 70, suivie par la phase de restructuration pendant les années 80 et 90, avant de passer à la troisième étape celle du désengagement de l’Etat de la sphère économique. Celle-ci, entreprise depuis l’an 2000 à ce jour.

Durant ces trois étapes, « les déséquilibres financiers, l’endettement et le départ massif des compétences ne cessaient de s’accentuer et de s’aggraver », a-t-il regretté, précisant que « toutes les réformes structurelles ayant touché les EPE, n’ont pas donné lieu à l’amélioration des méthodes de gestion ». 

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