Enfants victimes des massacres du 8 mai: Oran se souvient de la solidarité populaire

ORAN – Les participants à une conférence organisée dimanche à Oran se sont remémorés l’extraordinaire solidarité populaire avec les enfants de martyrs des massacres du 8 mai 1945, pris en charge par des dizaines de familles oranaises.

Le chef du bureau de wilaya de l’Association du 8 mai 1945 à Oran, Sbiaa Ammar, fils de martyrs de ce massacre, est revenu lors de cette rencontre, organisée à l’occasion du 78e anniversaire de ces massacres, sur cette époque où il fut transporté avec 44 autres enfants de martyrs de ces massacres perpétrés par les colonialistes français de Sétif vers Oran pour être pris en charge et élevés par des familles oranaises, après avoir perdu leurs parents.

Il a salué, dans son témoignage, l’initiative humanitaire de feu Hadja Kheira Belkaïd, dite Kheira Bent Bendaoud, qui, accompagnée d’un groupe de femmes, en coordination avec l’Association des oulémas musulmans algériens, s’est déplacée vers la wilaya de Sétif pour ramener 45 enfants, des garçons, fils de martyrs de ces massacres, dont la plupart sont originaires de la région de Beni Azziz, âgés de 4 à 12 ans, en les confiant à des familles oranaises, sous l’égide de Cheikh Saïd Zemmouchi, responsable de la section de l’Association des oulémas musulmans algériens d’Oran et Hadja Kheira Bent Bendaoud.

Il a ajouté que ces enfants ont été transportés par train jusqu’à la ville de Constantine, via Alger, pour être transportés jusqu’à Oran, où des citoyens les ont reçus à la gare, puis les ont emmenés à la place « Tahtaha » dans le quartier de M’dina Jdida, où une réception a été organisée en leur honneur, avant d’être répartis entre plusieurs familles d’accueil, dont celles des Boukroucha et Nemiche.

M. Sbiaa a souligné que « Hadja Kheira Bent Bendaoud fut une grande combattante révolutionnaire, qui a tout fait pour prendre en charge des enfants de martyrs et a fait face à l’oppression des colonialistes français qui l’ont arrêtée, en 1957, et l’ont condamnée à mort avant d’être exilée à Alger », ajoutant qu’avant sa mort, en 1961, elle a décidé de faire don de ses bijoux en faveur des filles orphelines pour leur mariage.

Pour sa part, Dr Mohamed Belhadj, professeur au département d’histoire de l’Université d’Oran 1 « Ahmed Ben Bella », a mis l’accent sur le rôle de l’Association des oulémas musulmans algériens et du Parti populaire algérien dans la prise en charge des enfants des martyrs des massacres du 8 mai 1945, ainsi que le suivi des conditions de leur prise en charge par les familles et de leur scolarisation au niveau des écoles de l’Association des oulémas, notamment l’école El-Falah du quartier M’dina Jdida, à Oran.

Dr Belkacem Leila de l’université de Relizane a souligné, de son côté, que le secteur oranais (ouest algérien) a été un pionnier dans l’organisation des premières manifestations, au mois de mai 1945, lorsque des manifestations pacifiques ont commencé dans la ville de Relizane, le mardi 1er mai 1945, avec la participation de 300 manifestants du quartier populaire « Graba » en direction de la mairie, brandissant le drapeau national porté par Benyagoub Mahieddine et Abdellah Rafaa, sachant que les forces coloniales ont arrêté 49 manifestants et les ont transférés à la prison militaire d’Oran.

Selon le professeur Mohamed Belbel de l’Université de Tiaret, la ville de Mostaganem était connue pour sa large solidarité avec le soulèvement dans l’Est algérien, en organisant des marches et des manifestations, tout en brandissant le drapeau national.

Ces marches ont été lancées du vieux quartier de Tidjdit vers le centre-ville pour protester contre les massacres du colonisateur français perpétrés contre les Algériens, en exprimant leur solidarité avec le mouvement Ahbab El Bayane (Amis du Manifeste), a indiqué le même intervenant, ajoutant que les Français ont riposté en arrêtant 216 militants ayant participé à ces manifestations.

Cette conférence a été organisée au siège du Secrétariat de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), en collaboration avec le Laboratoire d’histoire de l’Algérie de la faculté des sciences humaines et islamiques de l’université d’Oran 1 « Ahmed Benbella » et la Direction des moudjahidine et ayants-droit.

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