El haïk » est une pièce de tissu dont l’origine linguistique provient du verbe « حاك يحيك حياكة » signifiant tisser, c’est-à-dire un vêtement tissé à partir de fil fin.
Il diffère selon les régions telles que les Chaouias, les M’zabites, les Constantine, et les femmes du désert, en termes de couleur, de type de tissu, de manière de le porter et de la forme du « ijar » (voile) qu’elles utilisent pour se couvrir, faisant partie du vêtement traditionnel algérien authentique – « Thawas Dzair ».
Certaines opinions attribuent l’origine du « haïk » à l’influence ottomane, en s’appuyant sur le fait que c’est un vêtement qui distinguait les femmes algériennes et tunisiennes des marocaines (le Maroc ayant resté en dehors des frontières de l’empire ottoman, vaste et étendu).
Cependant, de nombreux éléments viennent contredire cette opinion et apportent des preuves scientifiques plus convaincantes en faveur de l’origine andalouse du haïk.
Le haïk, dont le nom est dérivé du verbe arabe « حاك » (tisser), était un vêtement distinctif des femmes andalouses, comme l’ont rapporté plusieurs historiens, qui nous ont permis de mieux comprendre les conditions sociales, politiques et culturelles de la société andalouse, tels que Al-Maqri et Ibn Khaldoun.
Ce dernier a comparé les femmes de Grenade, qui portaient le haïk blanc ou la « malhafa » faite en laine, fil ou même soie, à des « troupes de colombes », en référence à leur beauté et leur élégance.
Il existe plusieurs sortes de haïk à travers toutes les régions d’Algérie
Le haïk « merma »
C’est l’un des meilleurs types de haïk, et son port était réservé à la classe aisée qui se vantait de le porter, car il représentait un signe de modernité, c’est-à-dire qu’il distinguait les habitants de la ville. En effet, les femmes de la capitale étaient célèbres pour le porter. Le haïk merma est tissé à partir de soie pure ou mélangée avec du tissu ou de la laine, ce qui en fait l’un des types les plus raffinés et élégants de haïk.
Le haïk « safsari »
Ce type est toujours présent dans la capitale de l’Est algérien. Il s’agit d’un vêtement des femmes andalouses qui a été transmis en Afrique du Nord avec l’arrivée des réfugiés andalous. Il est devenu un vêtement distinctif des femmes des grandes villes comme Kairouan en Tunisie, Constantine en Algérie, et d’autres villes voisines.
Le « safsari » est fabriqué en soie ou en coton et se décline en plusieurs couleurs, telles que le noir, le blanc et le jaune. À l’origine, il était principalement de couleur noire.
Le haïk « Achaachi »
Ce type de haïk était tissé dans la ville de Tlemcen et était porté par les femmes ordinaires. Il se distingue du haïk « merma » par le fait que le premier est d’un blanc pur, tandis que le second est brodé de fils de couleur jaune.
Ce vêtement a longtemps été associé à la femme algérienne militante et combattante pendant la période de la colonisation française en Algérie.
Le port de ce vêtement était un symbole de résistance d’une part, et un moyen de renforcer la conscience de l’identité algérienne, aspirant à l’indépendance face à un colonisateur appartenant à une autre civilisation, d’autre part. Cela a été exprimé par le combattant libérateur Franz Fanon, qui a rejoint la révolution algérienne.
Lorsque Franz Fanon a écrit sur le rôle actif de la femme algérienne pendant la révolution, notamment en portant des sacs de bombes sous le « haïk algérien », et en s’attachant à ce vêtement comme symbole de singularité et de distinction par rapport à la présence coloniale européenne, il a fait le lien entre ce vêtement élégant et le vieux quartier de la Casbah, associé à la bataille d’Alger menée par l’Armée de Libération contre les intérêts coloniaux dans la capitale en 1957. Après l’indépendance en 1962, le haïk est devenu un symbole de résistance et d’identité nationale.
Comment porter el « haïk »?
Il existe plusieurs façons de porter le « haïk », qui permettent de distinguer les femmes selon plusieurs critères sociaux. Par exemple, il y a le « tour de Bouaouina » et le « haïk » accompagné de l' »ijar », un voile brodé qui couvre la partie inférieure du visage.
Cette différence dans la manière de porter le haïk ne se limite pas à une seule région ou wilaya, mais concerne également plusieurs autres villes algériennes.
Semaine du Vêtement Féminin : Une Célébration du Patrimoine de l’Est Algérien Reconnu par l’UNESCO