El Bayadh: « Rekb Sidi Cheikh », une tradition séculaire qui mérite sa place au patrimoine mondial immatériel

El Bayadh: "Rekb Sidi Cheikh", une tradition séculaire qui mérite sa place au patrimoine mondial immatériel

EL BAYADH – La Waâda ou Rebk de Sidi Cheikh, célébrée chaque année dans la région de Labiod Sidi Cheikh, dans la wilaya d’El Bayadh, est considérée comme une manifestation traditionnelle qui mérite sa place dans le patrimoine mondial immatériel de l’Unesco.

Cette manifestation, avec toutes les significations qu’elle porte, qu’elles soient religieuses, spirituelles, culturelles, sociales ou encore historiques, est célébrée, chaque année, pour se remémorer les mérites du « wali salih Sidi Abdelkader Ben Mohamed Ben Slimane Ben Abi Samaha, dit Sidi Cheikh », considéré comme l’un des symboles de la région et une source de fierté pour ses habitants, né en 1533 dans la région de Arbouate, ou dans la région de Chellala, toutes deux proches de la ville de Labiod Sidi Cheikh, et décédé en 1616.

Les habitants de la wilaya déléguée de Labiod Sidi Cheikh et de la wilaya d’El Bayadh, de manière générale, et ceux d’autres wilayas, et même de l’étranger, parmi les adeptes de la « tariqa cheikia », tiennent à célébrer ce rekb annuel, classé au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco, depuis 2013.

Cet évènement constitue une occasion pour établir une connexion entre les générations et pour consolider les rapports des jeunes à leur identité et leur histoire.

« Sidi Cheikh est une figure unique et impérissable dans la mémoire collective de la population », indique le chercheur spécialisé dans l’histoire de la région et chef du service du patrimoine au niveau de la direction locale de la Culture et des Arts, Ammari Abdelkrim, ajoutant qu’il est l’une des figures emblématiques de la région et le fondateur de la tariqa soufi « cheikhia », dont le siège est situé à Labiod Sidi Cheikh, en plus de son statut comme l’un des symboles du djihad et de la résistance populaire contre l’occupation espagnole de la région d’Oran aux 16e et 17e siècles.

S’agissant de l’appellation de cette manifestation, Rekb ou Waâda, le chercheur dans le patrimoine et l’histoire de la région et dans le soufisme, Maazaouz Boubker, habitant de la région et l’un des organisateurs de l’évènement, a indiqué que Waâda vient du mot waâd, qui signifie la promesse, la rencontre ou le rassemblement, rekb, vient pour sa part du fait que les habitants de la région de « Stitten », située à 35 km de la ville d’El Bayadh et 160 km de la ville de Labiod Sidi Cheikh, montaient sur des bêtes, dans une sorte de procession (Rekb) pour se rendre au rassemblement de Labiodh Sidi Cheikh pour commémorer l’anniversaire de sa mort.

Concernant la raison du démarrage de la caravane de Astétine, la même source ajoute que le « wali saleh Sidi Cheikh » est décédé dans cette ville, suite à ses blessures dans une bataille contre les occupants espagnoles sur les côtes oranaises, notant qu’il a recommandé qu’il soit enterré à Labiodh Sidi Cheik, alors appelée Labiodh tout court, la suite (Sidi Cheikh) ayant été ajoutée après sa disparition.

D’autres sources historiques affirment que le début du rekb remonte à une histoire survenue pendant la vie de Sidi Cheikh, où il a guéri un des notables de la ville de Stitten par ses prières, d’une maladie difficile, ce qui a poussé les habitants de cette région à se déplacer pour lui rendre visite à Labiodh Sidi Cheikh, dans une procession (rekb), qui s’est poursuivie après sa mort.

L’attachement des gens à cette personnalité s’est renforcé après sa mort, et ils se sont mis à se rencontrer autour de sa tombe, chaque année, pour commémorer ses exploits et lire collectivement l’intégralité du Saint Coran, dans une lecture appelé la Selka, de la part des adeptes de la tariqa cheikhia, et les porteurs du Coran, qui viennent des différentes régions du pays.

La waâda est également une occasion pour organiser des conférences religieuses, des semons, des cercles de dhikr et des lectures de son poème « Yakouta » de 178 vers, portant des significations spirituelles et des leçons de vie, selon le même spécialiste.

En plus d’être une occasion pour la rencontre des familles et des amis, le rekb et une opportunité pour réconcilier les fâchés et pour se pencher sur les préoccupations des habitants, organisateurs de la waâda, qui hébergent et restaurent les convives.

        

Les chevauchées fantastiques et les rencontres de Melhoune, une marque déposée de cette manifestation

 

Cet événement, auquel participent chaque année des milliers de visiteurs, est connu pour les performances collectives des équipes équestres de fantasia et de poudre à canon (Baroude), connues des habitants de la région et des amateurs d’équitation sous le nom de « El Aalfa », près de l’arène équestre appelée « El Faraa ».

Les cavaliers, qui viennent des différentes wilayas du pays, avec leurs costumes traditionnels sur leurs Pur-sangs, décorés de selles ornées de motifs et dessins aux significations multiples, se donnent à fond dans leurs shows, où les cavaliers sur le dos de leurs chevaux récitent des vers de Melhoune, contant l’histoire de la région et son vieux patrimoine.

Des expositions sont organisées pour faire connaitre l’histoire de la région et la ville Labiodh Sidi Cheikh, qui a bénéficié dernièrement d’une promotion à une wilaya déléguée de la part du président de la République, et de l’histoire de résistance de Ouled Sidi Cheikh, menée par les descendants de Sidi Cheikh, ainsi que les victoires de la Révolution du premier novembre, aux jeunes générations.

Les autorités locales travaillent en coordination avec tous les acteurs, tels que les responsables de la zaouia et des services de la commune, pour programmer des conférences et séminaires nationaux et internationaux auxquels participent un groupe d’élite de chercheurs et de spécialistes de l’histoire, du patrimoine, du soufisme et des sciences religieuses, pour présenter la personnalité éminente de Sidi Cheikh et l’histoire ancienne de la région.

 

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