Des fresques célèbres mettant en valeur le patrimoine et l’histoire de l’Algérie  

ALGER – De nombreuses fresques et artefacts, à dimension universelle, d’artistes algériens et étrangers de renoms, constituent un patrimoine artistique qui orne les espaces extérieures des villes algériennes, mettant ainsi en valeur leur profondeur civilisationnelle et historique.

L’Algérie compte plusieurs œuvres d’art, devenues partie intégrante des tissus urbains et du patrimoine culturel algérien, qu’il s’agisse de fresques, de sculptures ou de stèles qui ornent les places publiques, les jardins et les axes routiers, ces œuvres d’art expriment les nombreuses tendances artistiques qui ont traversé ces lieux, réceptacles de pans entiers de l’histoire de l’Algérie à différentes époques.

La fresque des « Trois Révolutions » devant la Grande Poste à Alger, adjacente au square »Sofia », conçue et réalisée par le plasticien algérien Chokri Mesli en 1985, restitue les premières étapes d’édification et de reconstruction de l’Algérie souveraine dans les domaines culturel, industriel et agricole.

Dans cette œuvre, devenue un repère artistique de la capitale, l’artiste a placé des pièces de céramique sur des carrés de fer recouverts d’émail, une constellation qui offre au regard une scène épique pleine de mouvement entourée de formes et de symboles amazighes que l’on retrouve dans les poteries, tatouages et tapis algériens.

Sans pour autant, dévier de la tendance humaine qui lui est reconnue, Chokri Mesli illumine les endroits sombres de la vie des gens pour révéler leurs souffrances, source de résistance et de résilience à l’oppression coloniale.

Dans le même élan, la statue du « Porteur » située face à l’entrée du port d’Alger, convoque l’attentat terroriste à la voiture piégée perpétré le 2 mai 1962 dans ce lieu, par l’organisation extrémiste de l’armée secrète coloniale (OAS), faisant 200 martyrs parmi les travailleurs algériens du port et autres citoyens, et 250 blessés.        

Cette statue, conçue et réalisée en 1986 par le plasticien Mohamed Boukerche, présente une puissance expressive inouie, rendue dans un matériau proche du bronze, incarnant un homme d’une grande taille (270 cm) en mouvement, au dos courbé et aux pieds nus, vêtu d’un turban, d’un pantalon et d’une veste, dévoilant des muscles striés, alors qu’il porte une charge sur ses épaules, sans doute, celle d’une masse d’émotions en souffrance, d’oppression et de défi.

Sur le front de mer à Alger, la fresque des « Exilés » (1830-1962) rappelle l’histoire des Algériens déportés vers des terres lointaines dans une image douloureuse qui résume comment les forces coloniales ont entraîné les Algériens dans des navires vers La Nouvelle-Calédonie, La Guyane, ou encore  l’île Marguerite.

Consacré par l’expression, « fidélité et gratitude envers ses fils exilés jusqu’aux extrémités de la terre, la nation algérienne s’incline devant leurs âmes pures », ce monument historique, a été inauguré par le Président de la République M. Abdelmadjid Tebboune le 5 juillet 2021.

A l’instar de plusieurs plasticiens de renoms qui avaient animé durant les années 1970, une vague de projets artistiques destinés à embellir l’environnement urbain, l’artiste-peintre Taher Ouaman a immortalisé, dans une fresque en céramique exécutée en 1988 sur la place Bamako à Oran, des poèmes de Moufdi Zakaria.

Autre lieu commémoratif, la rue Didouche Mourad, où apparaît sur la façade de l’un de ses immeubles un grand disque orange, support d’une calligraphie arabe signée en 2014, par l’artiste tunisien contemporain, « El seed », à la mémoire du regretté chanteur algérien, Dahmane El Harrachi, qu’il évoque à travers l’extrait de l’un de ses poèmes, au titre de « Bilad El Kheir », restitué dans un mélange de poésie et de graffitis.

Au cœur du jardin anglais, en plein nature, dans le Jardin d’Essai d’El Hamma, les sculptures, « Danseuse des Ouled Naïl », « femmes Marchant en se tenant la main », « Le joueur de flûte », déjà restaurée, et « femme du sud algérien », de l’artiste français, natif d’Alger, Emile Jean Joseph Gaudissard, reçoivent les premiers rayons du soleil au milieu d’une végétation qui les met en valeur.

Le sculpteur Ali Boukhalfa avait, quant à lui, réalisé, « L’épi de blé » en 2013 dans la commune d’Hussein Dey, symbolisant les générations, de la Révolution, de l’Indépendance, et celle de l’Avenir, pour continuer de répandre son expérience et son savoir faire dans de nombreuses villes, à l’instar de la statue de l' »Emir Abdelkader » à Relizane, « La Kahina » à Khenchela et un panneau décoratif en céramique dans la capitale.

L’expression artistique dans les espaces ouverts a pris une nouvelle dimension esthétique avec une vague de jeunes créateurs qui ont adopté un style expressif moderne qui simule l’environnement dans les normes contemporaines du « Street Art ».

Dans cet élan de créativité, Makki Davas et l’artiste plasticien Amine Aïtouch dit « Snake » qui, s’inspirant de la calligraphie, a laissé son empreinte sur les murs de la Casbah d’Alger, ceux de la ville d’Oran, ainsi que sur certaines terrains de sport de proximité de la capitale.

Certains jeunes ont également adopté le graffiti pour immortaliser des célébrités de l’art et de la culture, ainsi que des personnalités sportives, ou encore pour dessiner de grandes fresques porteuses d’une valeur artistique et un message qui trouve souvent un public connaisseur pour saisir ses contenus et sa beauté.

 

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