Démission du journaliste français Jean-Michel Aphatie après une controverse sur ses déclarations concernant l’histoire de la France en Algérie

Démission du journaliste français Jean-Michel Aphatie après une controverse sur ses déclarations concernant l’histoire de la France en Algérie - Algérie

Dans une décision qui a suscité une large controverse, le journaliste français chevronné Jean-Michel Aphatie a annoncé sa démission définitive de la chaîne RTL, après que la station ait décidé de le suspendre temporairement à la suite de ses déclarations audacieuses liant la brutalité nazie à la colonisation française en Algérie.

Une démission de protestation et une position assumée

Dans un message publié sur la plateforme X (anciennement Twitter) dimanche, Aphatie a détaillé son choix de quitter définitivement la chaîne où il a exercé pendant de nombreuses années, affirmant qu’il restait attaché à ses convictions sur l’histoire coloniale de la France en Algérie.

Il a expliqué que la direction de la chaîne avait justifié sa suspension en raison des nombreuses protestations reçues de la part des auditeurs, précisant qu’elle lui avait imposé une mise à l’écart d’une semaine pour calmer la polémique, avec la promesse éventuelle de pouvoir revenir à l’antenne pour défendre librement son point de vue. Toutefois, cette suspension s’est transformée, selon lui, en exclusion définitive dès le mercredi suivant, ce qu’il a perçu comme une sanction injustifiée, l’amenant à prendre la décision de démissionner.

Dans son message, Aphatie a déclaré : « Si je reprends le micro, cela signifie que j’accepte la suspension et reconnais avoir commis une faute. Or, c’est une chose que je ne peux pas accepter. »

Un soutien à l’Algérie et à la reconnaissance de son histoire coloniale

Jean-Michel Aphatie fait partie des rares voix en France à s’exprimer avec courage sur les crimes du colonialisme français en Algérie. Dans son message, il a souligné son intérêt particulier pour la période de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962, bien qu’il n’ait aucun lien personnel avec cette histoire, précisant que ni sa famille ni ses proches n’avaient été impliqués dans la guerre d’Algérie, ni n’avaient de relations avec les Pieds-Noirs.

À ce sujet, il a écrit : « La question du maintien de l’Algérie comme partie intégrante de la France a été au cœur d’une crise politique majeure. Depuis lors, je me suis interrogé sur la nature de cette occupation et sur la cohabitation entre les différentes communautés. »

En approfondissant ses recherches sur l’histoire coloniale française en Algérie, Aphatie dit avoir découvert des faits troublants qui contredisent les valeurs universelles prônées par la France. Il ajoute :

« Ce que j’ai lu dans les ouvrages d’historiens sérieux m’a bouleversé. L’Algérie a été le théâtre de massacres répétés contre les musulmans tout au long des 132 années d’occupation, et un système colonial a imposé, dès 1881, des restrictions drastiques aux populations autochtones, les privant de tous leurs droits politiques, économiques et sociaux. »

Il poursuit : « L’accès à l’éducation était limité pour les enfants algériens, et les populations locales ont été expropriées de leurs terres les plus fertiles, dessinant ainsi un tableau sombre de la colonisation française. »

Un appel à la reconnaissance officielle des crimes coloniaux

Jean-Michel Aphatie a également exprimé son profond regret face au refus persistant de la France de reconnaître officiellement les exactions et injustices commises durant la période coloniale. Il a déclaré :

« J’ai toujours ressenti un malaise face à l’absence d’une reconnaissance officielle des sévices subis par le peuple algérien sous l’administration coloniale française. Mon intervention sur ce sujet est liée à cette conviction. C’est précisément pour cette raison que je refuse d’accepter une sanction pour avoir dit la vérité. »

À la fin de son message, le journaliste a critiqué ce qu’il appelle les « faux patriotes », qui refusent d’affronter les réalités historiques, et a exprimé l’espoir qu’un jour, la France reconnaisse officiellement une part de sa brutalité passée.

Une controverse sur la liberté d’expression et la mémoire coloniale

Les déclarations et la démission de Jean-Michel Aphatie ont suscité un vif débat dans les milieux médiatiques et politiques, divisant les opinions entre ceux qui estiment que le journaliste a exercé son droit à la liberté d’expression en révélant une vérité historique, et ceux qui jugent ses propos excessifs et inappropriés.

Cette affaire intervient dans un contexte où la question de la colonisation française en Algérie reste un sujet sensible, notamment au regard des demandes répétées de l’Algérie pour une reconnaissance officielle des crimes coloniaux et des réparations en faveur des victimes.

La démission de Jean-Michel Aphatie met en lumière la sensibilité persistante de la société française à l’égard de son passé colonial en Algérie, où le débat demeure largement entravé par la censure et les sanctions à l’encontre de ceux qui osent l’aborder de manière critique. Malgré la pression, le journaliste a tenu bon sur ses convictions, devenant ainsi l’une des rares voix à briser le silence sur les crimes coloniaux de la France en Algérie.

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