Coronavirus: les journalistes de Blida toujours au front en dépit des difficultés et des risques

BLIDA- Les journalistes de la wilaya de Blida, qui est soumise à un confinement total depuis le 24 mars dernier pour freiner la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19), demeurent déterminés plus que jamais à transmettre l’information au citoyen, en dépit du risque d’infection par le virus, conjugué aux difficultés de déplacements pour arriver aux sources d’informations, ont affirmé, à l’APS, un groupe de confrères.

En cette période sanitaire inédite, le travail de journaliste s’est, en effet, considérablement compliqué à Blida, comparativement aux autres wilayas du pays. Les déplacements sont devenus limités en dépit des autorisations spéciales de circulation, outre le risque de contamination qui plane partout, en l’absence des moyens de protection.

C’est le cas du journaliste Walid Hamdadou, employé au siège de la chaîne TV « El Bilad » à Alger, contraint de travailler à partir de Blida, où il est domicilié. « En cette période sanitaire difficile, le journaliste est devenu une sorte de +Moussebel+ (quelqu’un qui se sacrifie pour les autres), pour accomplir son devoir d’information et de service public visant à sensibiliser le population », a-t-il estimé, dans une déclaration à l’APS.

« Une tache devenue d’autant plus complexe avec le manque de communication de la part des responsables des wilayas, ce qui nous contraint », a-t-il ajouté, à « faire davantage de travail de sensibilisation, au lieu de chercher le scoop ou une couverture de terrain, devenue actuellement

rarissime, exception faite des caravanes de solidarité, et autres communiqués de presse, qui me permettent de transmettre aux citoyens les développements de la situation dans la wilaya », a souligné M. Hamdadou.

« En dépit du respect des gestes barrières, la crainte de ce virus invisible est permanente, car nous évoluons dans un champ miné », a-t-il déploré. « Je suis devenu extrêmement alarmiste, et je vois les symptômes du virus partout. J’ai peur pour ma famille et mes enfants. Dès que je rentre chez-moi, je me douche immédiatement et mes vêtements sont désinfectés », a-t-il tenu à préciser.

Cette crainte est partagée par son confrère du quotidien national « Horizons », Mokhtar Keddada, qui comme tous les journalistes, accomplissait son travail d’information, à l’annonce du premier cas de Covid-19, en réalisant des reportages et couvertures dans les hôpitaux et d’autres lieux de la wilaya.

« Avec la propagation du virus, la situation a changé, car mon contact quotidien avec des personnes, éventuellement contaminées (sans le savoir bien sûr), m’a rempli de panique », a-t-il raconté à l’APS. « J’étais quasi sûr d’avoir été contaminé, mais heureusement, il n’en était rien, alors j’ai décidé de travailler à distance », a-t-il ajouté, tout en insistant sur l’absence des moindres moyens de protection (bavettes) contre ce virus, ce qui, a-t-il affirmé, « rend le travail de terrain extrêmement dangereux ».

Ce même journaliste a déploré, en outre, « l’énorme difficulté, voire l’impossibilité d’arriver à la source de l’information », expliquant, par là, son recours au « téléphone, voire même à facebook, pour avoir l’information, après sa confirmation bien évidemment », a-t-il assuré.

« Désormais le gros de notre travail est actuellement axé sur l’information de proximité, qui est la seule disponible pour nous », a-t-il fait savoir.

La même situation exceptionnelle est vécue par la Direction régionale Centre de l’agence Algérie Presse Service (APS), notamment le bureau de Blida, dont les journalistes œuvrent quotidiennement à la transmission de l’information locale, à partir de chez-elles, tout en faisant des couvertures, quand la situation l’exige, comme ce fut le cas pour les deux visites du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, dans la wilaya, selon la responsable du bureau, Sara Kessoum.

D’apès elle, la direction centrale de l’APS a émis, « quelques jours après l’annonce du confinement total (de Blida), une instruction offrant la possibilité aux journalistes de travailler à distance (télétravail), tout en poursuivant les couvertures de terrain », a-t-elle dit, « cependant le travail de terrain est devenu, chaque jour plus dangereux, avec la hausse des cas de Covid-19, dans la wilaya », a-t-elle déploré.

Mettant en avant son « amour du métier de journaliste et sa conscience professionnelle, qui lui dicte de faire de son mieux, sa confrère Ghania Bouabdellah a assuré qu’elle continue de faire son travail en recourant, en grande partie, à son téléphone, pour « tous mes contacts avec les responsables et les autres sources d’information », a-t-elle fait savoir.

Admettant, néanmoins, avoir été contrainte de se déplacer, dans certains cas, pour des couvertures d’importance, Mme. Bouabdellah n’a pas caché le sentiment « de grande peur », qui l’accompagnait durant ces sorties. « Tout me faisait peur, les rues désertes, parler avec des gens éventuellement infectés (médecins, experts, corps sécuritaire, associations), notamment en l’absence de moyens de protection, même au niveau des pharmacies », a-t-elle souligné.

 == La solidarité radiophonique, une autre forme de confraternité ==

 « Et cette situation sanitaire inédite, tant pour l’Algérie, que pour la wilaya de façon particulière, la Radio de Blida fait l’événement, à l’échelle locale, en étant devenue un plateau de solidarité entre les différentes chaînes radiophoniques centrales », comme exprimé par son directeur par intérim, Adlane Dekkar.

Selon le responsable, la Radio de Blida réunit actuellement de nombreux journalistes relevant d’autres radios centrales, à l’exemple de Radio Algérie Internationale, la Radio chaîne 3 (d’expression française), la Chaîne 2 (Tamazight), la Chaine1, tous contraints de rester, cher-eux à Blida, mais qui continuent contre vents et marées d’accomplir leur travail, à partir du siège de la Radio locale.

Il s’agit là, a-t-il ajouté, de « l’expression d’une solidarité radiophonique par excellence. Les journalistes échangent leurs informations et travaillent ensemble, et la Radio de Blida en profite, également, pour réduire la tension due à l’exemption de travail de certains de ses journalistes, concernés par les mesures exceptionnelles portant sur les femmes allaitantes, enceintes, ou ceux ayant des malades chroniques », a expliqué le même responsable, qui a précisé que la Radio de Blida a adapté  ses programmes à la conjoncture actuelle, en axant sur les activités de sensibilisation et de solidarité.

« Les conditions de travail actuelles sont très difficiles, car il n’est pas facile d’évoluer à notre aise, au vue de la propagation effarante de ce virus, et qui de plus est dans une wilaya enregistrant le plus grand nombre de cas d’atteintes et de morts », a estimé, à ce propos, Samia Ghitra, journaliste à la Radio de Blida. « Cela ne nous empêche pas de rester mobilisés, même si nous avons réduit les reportages de terrain, pour multiplier les entretiens téléphoniques, tout en maintenant le terrain, quand la situation l’exige », a-t-elle souligné.

Un fait corroboré par son collègue Elias Abbas, qui a affirmé que « 95% des informations sont actuellement obtenues, via le téléphone. Nous exploitons essentiellement notre réseau relationnel dans la recherche de l’information, désormais axée sur la sensibilisation du citoyen sur les bienfaits du confinement sanitaire », a- t-il observé.

Quant à Mohamed Saim, rédacteur en chef par intérim, chargé de la section politique à la Chaine 3, contraint de travailler à partir de la Radio de Blida, il s’est plaint de « la difficulté de l’obtention de l’information, conjuguée à la l’indisponibilité des moyens de protection et de transport », a-t-il dit.

« Je suis obligé de me déplacer avec mon véhicule personnel, mais parfois se pose un problème d’indisponibilité de carburant, qui m’empêche de mener mon travail à bien », a-t-il déploré.

Il a affirmé, néanmoins, qu’il demeure « déterminé à faire son travail d’information, rapporter fidèlement la réalité du citoyen, et accomplir un service public digne ».

 

 

A lire également

Lire également