Conférence sur les technologies de traitement de l’eau à Tipasa: l’exploitation des eaux traitées dans l’irrigation une « nécessité vitale »

TIPASA – L’exploitation des eaux traitées, au niveau des différentes stations d’épuration du pays dans l’irrigation agricole est désormais une « nécessité vitale pour faire face à la rareté de l’eau », a affirmé le chercheur Mohamed Abbas, président du comité d’organisation de la conférence internationale sur les technologies de traitement durable de l’eau et de l’environnement organisée, lundi, à l‘Unité de développement des équipements solaires (UDES) de Bou Ismail (Tipasa).

Le chercheur, qui a abordé la problématique de la sous-exploitation des eaux traitées dans le secteur agricole national, a soutenu que l’utilisation de ces eaux épurées au niveau des stations de traitement des eaux usées du pays est susceptible de « contribuer à la sauvegarde de l’environnement, dont le milieu marin notamment, tout en aidant à faire face à la rareté de l’eau, et à la préservation de la ressource hydrique », a-t-il indiqué dans une déclaration à l’APS, en marge de cet événement scientifique de trois jours.

Selon les statistiques de l’Office national d’assainissement pour l’année 2018, sur un total de 172 stations d’épuration des eaux usées opérationnelles à travers le pays, seules 17 enregistrent une exploitation de leurs production dans l’irrigation agricole, soit un taux de pas plus de 8% des eaux traitées, à l’échelle nationale, a déploré M. Abbas.

Pourtant, a-t-il ajouté, l’exploitation des eaux traitées d’une majorité des stations du pays « pourrait permettre la mobilisation d’un volume de prés d’un milliard de M3 d’eau nécessaire pour l’accompagnement du programme national visant l’extension de la superficie nationale irriguée », a soutenu ce chercheur.

« La généralisation de l’usage des eaux traitées peut, également, impacté positivement sur certains problèmes environnementaux posés au niveau des océans et de la mer » a-t-il, en outre, assuré.

S’agissant des raisons à l’origine de la non exploitation des eaux traitées au niveau de la majorité des stations du pays, le chercheur les a imputé à la « qualité » de cette eau, « ne répondant aux normes prescrites pour leur utilisation dans l’irrigation agricole ».

« Le cycle de traitement des eaux usées n’est pas totalement respecté au niveau de ces stations, qui rejettent leurs eaux dans la mer, ou dans leur périmètres immédiats, avec tous les risques encourus pour l’environnement », est-il déploré de même source.

Néanmoins M. Abbas a affirmé la « disponibilité des chercheurs de l’UDES à accompagner les stations d’épuration des eaux usées au double plan technique et scientifique », notamment en leur fournissant des « solutions intelligentes, aux problèmes posés à leur niveau », a-t-il assuré.

A son tour, le directeur de l’UDES Belkacem Bouzidi a également, plaidé pour le bien fondé de l’exploitation « des eaux non conventionnelles, et la sauvegarde de l’environnement ».

Il a rappelé, à ce titre, le recours de l’Algérie « aux stations de dessalement d’eau de mer comme alternative au recul de ses réserves en eaux souterraines ».

Soulignant, par là, l’impératif de « réfléchir à la sauvegarde de l’environnement », ceci d’autant plus, a-t-il dit que « des solutions intelligentes et écologiques existent et nous disposons de compétences algériennes aptes à les concrétiser », a-t-il affirmé.

Le responsable a cité, à l’occasion, des statistiques faisant état du rejet en mer, de centaines de milliers de tonnes d’eaux salées par les 21 stations de dessalement d’eau de mer du pays », qui assurent les besoins (en eau) d’une population globale de pas plus de six millions d’âmes, soit un taux de 17% des besoins exprimés, a –t-il informé.

« Il est vrai que ces stations offrent des solutions rapides pour assurer la ressource hydrique, mais à quel prix », a poursuivi M. Bouzidi, s’interrogeant sur l’impact « des tonnes d’eau concentrées en sel rejetées en mer, outre la facture énergétique de cette opération ». « La production d’un m3 d’eau au niveau de ces stations nécessite trois kw/h d’énergie », est-il signalé.

« Le défit de l’eau est un enjeu pour de nombreux pays de la Méditerranée (dont l’Algérie), menacées par la sécheresse, à l’horizon 2030 », a ajouté le responsable, estimant que celui-ci (défi) requiert « la lutte contre la pollution des cours d’eau et des eaux souterraines, en adoptant des solutions écologiques et économiques dans la gestion de l’eau ».

Des experts et chercheurs de Tunisie, Maroc, Arabie saoudite, Espagne, Italie, Jordanie, USA, et Emirats arabes unis, ont pris part à cette conférence internationale, première du genre, axée sur quatre thèmes principaux liés aux technologies de traitement durable de l’eau et de l’environnement. A savoir « la gestion de l’eau potable, demande et consommation », les « technologies en usage dans le dessalement de l’eau de mer », « l’exploitation des énergies renouvelables », et « traitement, réutilisation et gestion des eaux usées ».

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