CAN-2019 : stades vides, changement de périodicité… la presse étrangère s’exprime  

CAN-2019 : stades vides, changement de périodicité... la presse étrangère s’exprime   

LE CAIRE – Manque d’engouement populaire, changement de périodicité. La 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN-2019) de football en Egypte (21 juin – 19 juillet) est inédite puisqu’elle se joue pour la première fois en présence de 24 nations et en plein été.

D’aucuns estiment que ce changement « brusque » s’est répercuté sur l’affluence dans les différents stades égyptiens, à l’exception des rencontres du pays organisateur qui se déroulent à guichets fermés en présence de plus de 70.000 spectateurs au mythique stade international du Caire.

La presse étrangère, venue elle en force couvrir cet événement, s’est prononcée sur ces deux aspects.

« Il était question que le Cameroun organise cette CAN. Les supporters des différents pays voisins se sont alors organisés pour faire le voyage afin de soutenir leurs équipes, mais grande fut leur surprise en apprenant la décision de la CAF, ce qui a fini par les dissuader en raison des coûts supplémentaires, notamment quand il s’agit de se déplacer en Afrique du nord », a indiqué à l’APS Ibrahima Baldé, journaliste sénégalais au journal Sud Quotidien.

Outre les matchs du pays organisateur, la rencontre Algérie – Sénégal (1-0) a été exceptionnellement suivie par un large public, dont la plupart étaient des Egyptiens, venus assister à l’une des affiches de la phase de poules.

« Ca a été difficile pour les supporters de se mobiliser davantage. Au Sénégal, les supporters viennent au compte-gouttes, en ordre dispersé. Il faut relever que l’Egypte est dans une situation assez critique, notamment sur le plan politique, raison pour laquelle plusieurs fans ont préféré rester chez eux ».

Interrogé sur le changement de périodicité de la CAN, Baldé a évoqué la difficulté pour certains joueurs à récupérer sur le plan physique après une saison pleine, avant d’attaquer la compétition.

« Je prends l’exemple de notre star Sadio Mané (Liverpool) qui a joué pratiquement une soixantaine de matchs, dont une finale de Ligue des champions d’Europe. C’est extrêmement très difficile. Lui il a eu la chance de ne pas jouer le premier match (face à la Tanzanie 2-0, ndlr) pour cause de suspension. Les autres joueurs n’ont pas eu cette chance et il leur sera difficile pendant cette période de chaleur de fournir autant d’efforts et d’évoluer dans des conditions meilleures ».


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Quant à Hussein Amir, journaliste égyptien au quotidien Al-Mesryoon, il s’est dit « surpris » par la faible affluence dans les stades : « On ne s’attendait pas à une affluence aussi faible, à l’exception des matchs de la sélection d’Egypte, ce qui est tout à fait logique pour une équipe qui

évolue devant ses supporters. Des matchs devaient se dérouler en présence d’un grand public en raison de l’épuisement des billets, mais ils se sont joués finalement devant des gradins presque vides. Personnellement, je n’arrive pas à comprendre les raisons de ce manque d’engouement ».

 

== Précipitation ==

 

Contrairement à l’avis du journaliste sénégalais, Hussein Amir a estimé que la délocalisation du tournoi « devait plutôt encourager les supporters à faire le pas, en raison des capacités infrastructurelles de l’Egypte ».

« Concernant le changement de périodicité, c’est toujours difficile pour les joueurs de trouver des ressources et ce dans les deux cas : en hiver ou en été. Il y a aussi le fait que les différentes sélections éprouvaient souvent des difficultés à convaincre les clubs européens de libérer leurs joueurs, mais en été le problème ne se pose plus. Jouer en période des grosses chaleurs est difficile aussi, ça aurait été bien mieux de maintenir le tournoi en hiver, vu que la plupart des joueurs évoluent en Europe ».

De son côté, le journaliste de l’Agence de presse sénégalaise (APS) Mamadou Salif Diallo a qualifié de « déplorable » le manque d’engouement pour cette nouvelle édition.

« J’ai eu la chance d’assister à la CAN-2006 en Egypte, c’était la même chose. Quand le pays hôte ne joue pas, il n’y a pas de monde. Lors de la CAN-2017 au Gabon, c’était le même scénario. C’est déplorable, d’autant qu’il s’agit de la fête du football africain, contrairement à l’Euro où les stades sont toujours pleins ».

Salif Diallo a imputé cette situation à « la mauvaise passe que traverse l’Afrique en général sur le plan économique. Le spectacle en pâtit ».

S’agissant du changement de périodicité, le journaliste sénégalais s’y est dit favorable : « Avant, les clubs européens mettaient trop de pression sur leurs joueurs, maintenant c’est plus facile durant les vacances. La CAN était l’une des rares compétitions à se dérouler en pleine saison. Les joueurs sont plus soulagés par ce changement. Avant, ils devaient se battre pour regagner leur place en club. En Egypte, on parle de la chaleur, au Cameroun, on aurait pu parler de la pluie, ce n’est pas évident ! », a-t-il souligné, tout en s’interrogeant sur l’avenir du tournoi à 24 pays.

« Est-ce qu’on est allé trop vite en décidant d’augmenter le nombre de pays de 16 à 24 ? Le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée avaient lancé des appels d’offres pour abriter la compétition à 16, pas à 24. Il fallait que le processus se termine pour ensuite apporter des changements. Les gens sont allés vite en besogne », a-t-il accusé.

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