BLIDA- De nombreux habitants de la wilaya de Blida ont recours, cette année, aux réseaux sociaux, notamment facebook, pour l’acquisition des moutons du sacrifice, suite à la décision des autorités locales d’interdire l’ouverture des points de vente réglementés de bétail, au titre des mesures sanitaires visant à endiguer la pandémie du nouveau coronavirus.
En effet, cette décision d’interdiction des points de vente ainsi que l’intensification des actions de contrôle pour empêcher les points de vente anarchiques, et visant à sauvegarder la santé publique, au vue de la situation épidémiologique dans la wilaya, actuellement classée au 2eme rang national en terme de nombre de cas atteints par le virus après avoir occupé la tête de ce classement pendant prés de quatre mois, a contraint les citoyens, qui ont les moyens (financiers) d’accomplir ce rite religieux, à recourir à la Toile pour chercher une bête à sacrifier le Jour de l’Aid El Adha (fête du sacrifice).
Cette quête d’un mouton pour le sacrifice est particulièrement « visible » sur les pages facebook de Blida, voire plusieurs autres pages facebook portant des noms d’emprunt, qui pullulent d’annonces de vente de moutons, avec moult informations sur chaque bête (photo, race, poids..) en plus du numéro le téléphone du vendeur.
Contacté par téléphone par l’APS, un de ces annonceurs a assuré avoir opté pour cette alternative (facebook), suite à l’interdiction des points de vente, qui « a dérouté tous les éleveurs », a-t-il déploré.
Cet éleveur de la wilaya, dont le fils s’est chargé de mettre l’annonce en ligne, a affirmé, à l’APS, avoir reçu « de nombreux appels de citoyens demandant des informations sur ces bêtes (prix, race), avant de prendre rendez vous pour venir faire leur choix, et nous accorder sur le prix », a-t-il dit, assurant qu’il applique « toutes les mesures sanitaires de prévention contre la Covid-19 », au niveau du hangar loué dans la commune de Beni Tamou.
« Je tiens à me protéger autant qu’à protéger mon client, en lui imposant le port du masque sanitaire, avant de rentrer dans le hangar », a-t-il soutenu.
Lire aussi: Aïd el-Adha: le ministère des Affaires religieuses appelle au strict respect des consignes de prévention
Un autre éleveur, également, repéré sur facebook, a, quant à lui, fait part d’un « engouement modeste » des citoyens pour son annonce, qui s’explique, selon lui, par le fait qu’une majorité « préfère attendre les derniers jours avant l’Aid, pour acquérir leurs bêtes ».
A l’opposé de ce dernier, plusieurs éleveurs de la wilaya de Blida, préfèrent s’appuyer sur le réseau de connaissances tissés, par eux, durant leurs longues années d’exercice dans la vente des bêtes du sacrifice, tout en admettant, néanmoins, que cette interdiction des points de vente a « quelque peu impacté » sur leurs ventes.
Pas de points de vente au chef lieu de Blida, une première
Actuellement, il n’y a aucun point de vente des bêtes du sacrifice (tant réguliers, qu’anarchiques), au niveau du chef lieu de Blida, une première dans les annales de cette ville, qui habituellement grouillait de ce type de points de vente, à deux semaines de l’Aid El Adha.
Un fait déploré par de nombreux citoyens, qui trouvaient dans cette « tradition, un motif de joie à l’approche de l’Aid, pour les enfants surtout », au moment ou certains ont évoqué le fait que de nombreux points étaient installés au sein des cités d’habitations, en causant des désagréments liés aux odeurs désagréables notamment.
D’où le recours des éleveurs, cette année, à la location de hangars pour pouvoir continuer à exercer leurs activités « dans la discrétion totale, et loin de tout contrôle », au moment où le nombre de points de vente a,
également, « sensiblement reculé dans l’ensemble des communes de la wilaya », selon le constat fait par l’APS, au niveau de nombreuses d’entre elles.
Parmi celles-ci, la commune de Bouinane, à l’Est de Blida, où un éleveur a installé un point de vente à proximité de la route. Ce dernier a assuré à l’APS, que l’engouement des citoyens pour l’achat des moutons du sacrifice « est toujours le même (comparativement à l’année dernière), en dépit de l’impact de la crise de la Covid-19, sur une large catégorie de la population, qui n’ont plus de source de revenus à cause de la crise sanitaire », a-t-il estimé.
Sur place, un client, accompagné de ses deux enfants, qui comme lui portaient la bavette, a déclaré à l’APS, « être venu acquérir, comme chaque année, la bête du sacrifice », car sa situation financière n’a pas été impactée par la crise sanitaire, du fait qu’il est employé dans le secteur public. Il s’est montré, en outre, « satisfait » des prix affichés pour cette année, allant de 38.000 à 70.000 da, suivant le poids et la race du mouton.
Un autre client, chargé par sa sœur (veuve de son état), pour lui acquérir une bête, s’est dit « attristé » de ne pouvoir faire un sacrifice, cette année, et « rentrer un peu de joie dans le cœur de mes enfants, car j’ai dépensé toutes mes économie durant la période du confinement, en raison de la suspension de mon activité commerciale, au même titre », a-t-il dit, que « beaucoup de mes amis et connaissances, impactés (financièrement) par cette crise sanitaire », a-t-il assuré.
Un autre éleveur a trouvé l’astuce d’exploiter une petite surface de pacage, mitoyenne à la route (histoire de faire croire aux services de contrôle qu’il fait paitre ses bêtes), pour les exposer à la vente. Pour lui « il est encore tôt d’évaluer l’afflux des citoyens, car une majorité de gens préfèrent attendre les derniers jours avant l’Aid pour acquérir leurs bêtes », a-t-il soutenu, soulignant que les prix sont quasiment les mêmes que ceux de l’année passée, soit entre 35.000 à 70.000 DA.
Si une majorité des éleveurs rencontrés, par l’APS, ont admis que la décision d’interdiction des points de vente a « relativement impacté » sur leurs ventes, ils ont réussi, néanmoins, à la contourner (décision) grâce aux réseaux sociaux, qui se sont avérés, selon leurs dires, « une très bonne alternative » pour faire promouvoir leur marchandise, à tel point que certains ont assuré que désormais, ils auront « recours à facebook, l’année prochaine aussi, même si les points de vente sont autorisées ».
Un choix cornélien