Bataille de Souk Ahras: concrétisation parfaite de l’unité et de la cohésion du peuple algérien

Bataille de Souk Ahras: concrétisation parfaite de l’unité et de la cohésion du peuple algérien

SOUK AHRAS – La grande bataille de Souk Ahras survenue le 26 avril 1958 a concrétisé d’une manière parfaite l’unité et la cohésion du peuple algérien, et a brisé l’arrogance de la France coloniale.

Selon des témoignages de moudjahidine et d’historiens et des rapports français de l’époque, la bataille a commencé suite à des informations reçues par les forces coloniales sur la mise en branle d’une caravane d’armes et de munitions de guerre de Souk El Arba (Tunisie) en direction de la ligne électrifiée Morice puis l’Est de l’Algérie. Aussitôt, les troupes françaises ont été positionnées à travers les zones montagneuses que devaient emprunter les moudjahidine notamment sur les hauteurs du djebel Bousalah près de Zaâruria et les vallées d’Oued Chouk (Souk Ahras) qui furent le théâtre principal de la bataille qui s’était prolongée vers Hammam Nebaïl et Dahouara (Guelma) sur un rayon de 50 km.

Le convoi se composait du 4ème bataillon dirigé par le défunt moudjahid Mohamed Lakhdar Sirine et ses deux adjoints Youcef Latrach et Ahmed Deraia, de deux katibas de la wilaya II historique et d’une troisième de la wilaya III historique dont la mission était de protéger et d’appuyer le passage des armes et du matériel de guerre de la Tunisie vers les maquis des deux wilayas.

Le 26 avril 1958, le convoi est repéré et les accrochages éclatent dans la localité d’Oued Chouk à Zaârouria, un site au relief très difficile et après une semaine de combats, des moudjahidine réussissent à se faufiler vers les monts de Mechrouha puis Dahouara à Guelma où les affrontements armés s’étaient poursuivis jusqu’au 2 mai 1958.

Dans cette bataille, 639 moudjahidine sont tombés au champ d’honneur. Ils étaient originaires de différentes régions du pays et composaient les forces chargées par le commandement de la révolution de protéger le convoi d’armes qui avait réussi à traverser la frontière. L’armée coloniale a perdu, de son côté, 300 soldats tués en plus de 700 autres blessés, selon les mêmes sources.

Pour Athmane Menadi de l’université de Souk Ahras, la bataille de Souk Ahras est la plus grande bataille après la deuxième guerre mondiale en termes du matériel de guerre et de soldats engagés : l’armée française y mobilisa les 9ème et 14ème régiments de parachutistes avec 900 éléments des troupes spéciales, les 8ème et 28ème régiments d’artillerie (900 soldats) et les 26ème, 151ème et 152ème régiments d’infanterie mécanique avec 1000 soldats au côté d’un grand nombre de soldats de la légion étrangère connus pour être les plus sanguinaires face aux moudjahidine.

De son côté, Djamel Ouarti de la même université relève que le journal La Dépêche de Constantine avait alors fait état, dans sa couverture de la première journée de la bataille, de forces de l’Armée de libération nationale ayant réussi à traverser la ligne Morice et de l’intervention des troupes coloniales pour les intercepter. Après deux jours, le journal change de ton et évoque le passage de grands nombres de moudjahidine et la mobilisation d’importantes troupes de l’armée française pour les neutraliser.

Selon le même universitaire, le journal a évoqué également des accrochages armés entre des moudjahidine qui ont traversé la ligne Morice et l’armée française près de la ville de Souk Ahras ainsi que de « combats violents au point d’en venir aux armes blanches ».

Les troupes coloniales présentes alors n’avaient pas compris ce qui s’était passé dans cette infiltration à travers la frontière, selon les témoignages du sergent Lasne et du lieutenant Saboureau qui étaient sous les ordres du capitaine Serge Beaumont, officier parachutiste tué dans cette bataille aux côtés de 32 de ses soldats.

Dans ces témoignages publiés par le journal, ils avaient reconnu être tombés face à des hommes « très supérieurs en nombre, très bien équipés et armés », a ajouté Ouarti qui a considéré que cette épopée a montré à la France que son armée n’affrontait pas des groupes de rebelles mais l’Armée de Libération Nationale.

Cette bataille, a-t-il ajouté, a révélé une des formes de la cohésion du peuple algérien et son refus de l’occupation au travers la participation de moudjahidine originaires des différentes régions du pays.

 

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