Afrique: La micro-assurance et les Insurtechs pour développer l’assurance agricole

ALGER- La micro-assurance et les Insurtechs peuvent constituer des leviers importants pour développer l’assurance agricole en Afrique et des solutions adaptées pour réussir le défi de la sécurité alimentaire, ont souligné mardi à Alger des experts et des professionnels du secteur.

Intervenant lors de la deuxième journée de la 49ème Conférence et Assemblée générale de l’Organisation des assurances africaines (OAA), les conférenciers ont mis en exergue l’importance de la micro-assurance et des Insurtechs pour cibler les agriculteurs à faible revenu, considérant que ces solutions « couteuses » sont à même de contribuer à une évolution rapide du secteur des assurances en Afrique et peuvent aider à relever le défi de la sécurité alimentaire.

Dans ce contexte, le PDG de la compagnie algériennes des assurances, Nacer Sais, a indiqué que la micro-assurance est un produit adapté aux exploitants africains ayant un faible revenu, expliquant que cette solution offre plus d’opportunités pour les compagnies d’assurances et une marge extraordinaire pour développer l’assurance agricole.

« Le continent africain accuse un énorme retard en matière d’assurance agricole. Le développement de cette activité est un défi, mais aussi une opportunité pour les acteurs du secteur. Nous devrions miser sur les solutions innovantes, notamment la micro assurance qui peut offrir une couverture répondant aux revenus faibles et moyens des exploitants agricoles », a-t-il expliqué.

Dans le même sens, Parsanna Miapuram, cofondateur de « SwiftAnt Fz LLC », spécialiste des solutions numériques, a estimé que le potentiel de l’Afrique en matière d’assurance est important, soutenant que les Insurtech, qui désignent les innovations technologiques mises en œuvre pour améliorer l’efficacité du secteur de l’assurance, peuvent aider à réaliser des progrès de 50%, voire plus.

« La digitalisation peut jouer un rôle déterminent dans la pénétration de l’assurance agricole, sachant que la technologie est devenue accessible avec un coût bas, alors que les compagnies d’assurance africaines continuent à souffrir des politiques de budgétisation et des lourdeurs administratives », a relevé M. Prasanna.

Affichant son optimisme, cet expert a soutenu que le secteur des assurances nécessite des changements notamment dans le domaine de la protection des données et de l’amélioration de la qualité des services offerts aux assurés.

Parmi les autres solutions qui ont été également proposées, lors de cette conférence, marquées par des interventions de haut niveau d’experts venant des pays européens, d’Asie et de l’Amérique, la solution d’assurance paramétrique pour améliorer la production agricole en Afrique.

Présentée par Antoine Bavandi, responsable chez le groupe « Gallagher Re », cette solution répond aux attentes des pays africains confrontés aux aléas climatiques. Cette solution est basée, selon lui, sur l’observation des événements climatiques (sécheresses, inondations, précipitations, humidité du sol, indice de végétation, etc.), avec le recours à une politique de polices d’assurance basée sur un risque nommé ou des polices multirisques en fonction des attentes des assurés, a-t-il encore expliqué.

Ainsi, la tarification de la vulnérabilité est basée sur la probabilité que l’événement prédéfini se produise et elle est détachée de la vulnérabilité des actifs couverts, a-t-il mentionné, estimant le développement de l’assurance agricole dépend du traitement équitable des clients, d’un environnement réglementaire propice ainsi que d’une collaboration étroite entre tous les acteurs de la chaîne de valeur.

« Les programmes d’assurance agricole basés sur des partenariats public-privé offrent de nombreux avantages et sont particulièrement appropriés dans les économies de petits exploitants agricoles. Les gouvernements peuvent aider les assureurs du secteur privé à développer des programmes pour atteindre de manière rentable un très grand nombre de petits agriculteurs », a fait remarquer également M. Bavandi, ajoutant que « la forme la plus courante de soutien gouvernemental prend la forme de subventions aux primes d’assurance ».

Les travaux de la 2ème journée de cette conférence ont été, par ailleurs, l’occasion pour certains professionnels de présenter les expériences menées dans certains pays africains notamment ceux de la Corne d’Afrique, où, à travers « Drive Project », des solutions ont été mises en œuvre pour réduire des risques et améliorer la chaîne de valeur pour les économies pastorales.

Dans cette région, la plupart des populations dépendent de la terre et du bétail pour gagner leur vie, a affirmé Sylvia Mwangi, responsable de ce projet lancé en 2022 dans quatre pays de la Corne avec un financement de 360,5 millions de dollars, et qui vise à améliorer l’accès des pasteurs aux services financiers pour l’atténuation des risques de sécheresse et les inclure dans les chaînes de valeur. (APS)

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