CHARM EL CHEIKH (EGYPTE) – Avec une croissance moyenne qui devrait se stabiliser à 4,1% en 2023-2024, soit plus que les 3,8% estimés pour 2022, les économies africaines demeurent résilientes face aux multiples chocs qu’elles confrontent, notamment ceux liés à la situation géopolitique internationale et aux répercussions du changement climatique, estime la BAD, incitant le continent à exploiter ses minéraux pour devenir le prochain pôle de développement vert mondial.
Dans son rapport sur les Perspectives économiques en Afrique pour 2023, rendu public mercredi, en marge des 58èmes Assemblées annuelles du groupe de la Banque Africaine de Développement, qui se tiennent du 22 au 26 mai à Charm el Cheikh en Egypte, la BAD avance qu’en Afrique du Nord, la croissance moyenne devrait passer à 4,6% en 2023 puis à 4,4% en 2024.
Les prévisions de croissance sont de 4,9% en 2023 et 4,6 % en 2024 pour l’Afrique Centrale, respectivement de 5,1% et 5,8% pour l’Afrique de l’Est, de 1,6% et 2,7% pour l’Afrique Australe et enfin de 3,9% et 4,2% pour l’Afrique de l’Ouest.
Le rapport souligne, cependant, que l’Afrique reste confrontée à plusieurs risques de détérioration de ses perspectives de croissance qui incitent à un « optimisme prudent ».
L’inflation dans le continent, devrait, quant à elle, passer de 14,2% en 2022 à 15,1% en 2023, avant de retomber à 9,5% en 2024, selon la BAD qui recommande à cet effet aux pays africains « une politique monétaire anti-inflationniste clairement communiquée, soutenue par une politique budgétaire prudente, pour réduire l’inflation plus rapidement et à moindre coût ».
Pour ce qui est de la dette publique, qui devrait rester élevée, avec des vulnérabilités persistantes et un ratio dette-PIB de 66% en 2023, la BAD préconise à court terme « une stratégie de traitement de la dette coordonnée entre les créanciers officiels et privés pour éviter une crise de la dette, compte tenu du resserrement des conditions financières mondiales et de l’accumulation des paiements au titre du service de la dette ».
Et en réponse aux besoins grandioses de financement du continent, les Perspectives économiques en Afrique (PEA) de la BAD explorent les rôles potentiels du secteur privé dans le financement de l’action climatique et des ambitions de croissance verte.
Mettre les richesses naturelles du continent au service du développement vert
Entre 2600 et 2800 milliards de dollars sont nécessaires pour la période 2020-2030 pour mettre en œuvre les engagements climatiques de l’Afrique, auxquels s’ajoutent, selon les estimations des Nations Unies, 1300 milliards de dollars/an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), souligne le rapport.
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Ainsi, la BAD plaide fortement en faveur du financement du secteur privé en identifiant les opportunités d’investissement dans différents secteurs, en identifiant les obstacles et les risques face à ces investissements et en discutant des instruments de financement innovants et des voies politiques et réglementaires visant à attirer le financement privé.
Par ailleurs, le rapport appelle les pays du continent à exploiter les minéraux essentiels de l’Afrique pour devenir le prochain pôle de développement vert mondial.
En fait, l’Afrique possède énormément de richesses naturelles, estimées à 6.200 milliards de dollars en 2018.
Elle compte à elle seule 30% des ressources minérales mondiales et 65% des terres arables non cultivées, ses forêts sont les plus productives du monde en termes de bois et de rétention de carbone. Elle est également dotée d’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique en grande quantité.
Le rapport souligne que l’Afrique peut donc tirer profit de l’émergence de nouvelles technologies, telles que la fabrication de véhicules électriques.
Mais pour ce faire, les pays africains devront « mettre en place tout l’appareil juridique et fiscal requis non seulement pour lever les obstacles structurels à l’investissement privé dans les actions climatiques et les transitions vertes, mais aussi pour améliorer la gestion de leurs ressources naturelles et créer des incitations à la valorisation, la transformation et l’ajout de valeur au niveau local », recommande le président du groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, cité dans le rapport.
Aussi, les banques multilatérales de développement (BMD) et les autres institutions financières de développement (IFD) devront également être « réformées » pour rester adaptées à la nouvelle réalité induite par la dynamique socioéconomique à laquelle sont confrontés les pays africains, a-t-il suggéré.
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