Accord sur le nucléaire: les Européens déclenchent une procédure contre Téhéran, Moscou dénonce - Algérie

Accord sur le nucléaire: les Européens déclenchent une procédure contre Téhéran, Moscou dénonce

Accord sur le nucléaire: les Européens déclenchent une procédure contre Téhéran, Moscou dénonce

ALGER- Les Européens ont déclenché le mécanisme de résolution des différends (MRD) stipulé dans l’accord sur le nucléaire de 2015 pour contraindre l’Iran à revenir au respect de ses engagements dans l’accord de Vienne, une action dénoncée et jugée inutile par Moscou.

Les trois pays européens, cosignataires de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran (France, Grande-Bretagne et Allemagne), ont déclenché mardi le mécanisme de règlement des différends prévu dans l’accord nucléaire de 2015 « afin de contraindre Téhéran à revenir au respect de ses engagements », ont annoncé leurs chefs de la diplomatie dans un communiqué commun.

Le déclenchement du mécanisme de règlement des différends (MRD), pourrait mener à terme au rétablissement de sanctions de l’ONU. Les Européens ne veulent toutefois pas « précipiter le passage » à des sanctions mais faire « pression » sur l’Iran pour sauver l’accord de 2015 qui encadre son programme nucléaire.

« Nous agissons en toute bonne foi avec l’objectif primordial de préserver l’accord et dans l’espoir sincère de trouver une solution pour sortir de l’impasse par le biais d’un dialogue diplomatique constructif, tout en restant dans son cadre », ont souligné les chefs de la diplomatie des trois pays, Jean-Yves Le Drian, Heiko Maas, et Dominic Raab.

Le communiqué souligne que malgré cette décision, les pays « ne rejoignent pas la campagne visant à exercer une pression maximale contre l’Iran » et cherchent  « la préservation de l’accord nucléaire de Vienne qui est aujourd’hui plus importante que jamais », a abondé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, jugeant « impossible » de le remplacer.


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Le 5 janvier, Téhéran a annoncé la « cinquième et dernière phase » de son plan de réduction de ses engagements nucléaires en riposte à la sortie des Etats-Unis de l’accord en 2018 et au rétablissement de lourdes sanctions américaines qui étranglent l’économie iranienne.

Cette annonce a été faite deux jours après l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani à Baghdad, par un tir de drone américain, évènement qui a entrainé une nouvelle montée des tensions entre Téhéran et Washington.

Cependant, les Européens ont réitéré leur attachement au texte, rejetant l’appel du président américain Donald Trump à en sortir. La Russie et la Chine sont aussi parties à l’accord. »Nous demeurons convaincus que cet accord historique et sa contribution en matière de non-prolifération servent nos intérêts de sécurité communs et renforcent l’ordre international fondé sur des règles », insistent Paris, Londres et Berlin.

« Nos trois pays ne rejoignent pas la campagne visant à exercer une pression maximale contre l’Iran », ont toutefois souligné les trois ministres, en allusion à la politique de sanctions des Etats-Unis.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est dit prêt à « remplacer » l’accord de 2015 par celui réclamé par Donald Trump. Mais les Britanniques restent « extrêmement attachés » à cet accord, assurent deux sources diplomatiques européennes, qui relativisent les propos du Premier ministre. Dominic Raab a d’ailleurs démenti tout revirement dans la position britannique.

 

Téhéran met en gade contre les conséquences, Moscou dénonce

 

Réaction pour autant courroucée des Iraniens: « Si les Européens …cherchent à abuser de ce processus et poursuivent dans la voie de la soumission aux Etats-Unis, ils doivent également être prêts à en accepter les conséquences, qui leur ont déjà été notifiées », a assuré la diplomatie iranienne dans un communiqué.

Téhéran a, de ce fait, rappelé son engagement à « maintenir cet important accord » et soutient toutes les initiatives constructives », indiquant une fois de plus à tout le monde, en particulier aux trois Etats européens, « qu’elle répondra avec sérieux et fermeté à toute déloyauté, mauvaise volonté ou action non constructive ».

La Russie a, quant à elle, dénoncé des « actions irréfléchies » qui pourraient conduire à « une nouvelle escalade autour de l’accord » et empêcher la réalisation de l’accord dans le cadre des conditions initialement prévues.


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Moscou a exprimé sa « déception extrême » et sa « grande préoccupation » par cette décision de saisir la commission mise en place dans le cadre du mécanisme.

« Nous ne voyons aucune raison pour une telle démarche. Nous n’excluons pas la possibilité que les actions irréfléchies de la troïka européenne puisse conduire à une nouvelle escalade autour de l’accord et rendre impossible le retour vers l’accord dans ses conditions initiales, ce que la troïka cherche prétendument », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères. 

Il a rappelé que le mécanisme a été créé « à des fins complètement différentes », estimant que la décision de Téhéran était une réaction aux actions des Etats-Unis et que le programme nucléaire iranien reste toujours sous contrôle complet et profond de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

La diplomatie russe a exhorté la troïka européenne « à ne pas aggraver la situation et à abandonner les mesures qui remettent en question les perspectives de l’accord sur le nucléaire iranien ».

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