Rached Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha, a conservé son siège de président du Parlement, après un vote inédit dans l’histoire de l’institution parlementaire en Tunisie, où les députés sont amenés pour la première fois à s’exprimer lors d’un vote sur le retrait de confiance que lui avaient accordée les membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors de l’ouverture, il y a près de 9 mois, de la présente session parlementaire.
« C’est une nouvelle victoire de la démocratie en Tunisie », a déclaré Rached Ghannouchi à l’issue du vote, selon l’agence (TAP).
Il a précisé avoir accepté, volontairement, cette initiative étant convaincu que les députés doivent avoir le dernier mot.
« Même si la confiance m’a été retirée aujourd’hui, cela n’aurait posé aucun problème compte tenu de ma conviction du principe d’alternance au pouvoir », a-t-il encore déclaré.
La motion de retrait de confiance a été rejetée pour n’avoir pu recueillir que 97 voix alors qu’il en fallait 109.
Un total de 133 députées ont participé au scrutin dont 97 ont voté pour le retrait de la confiance, le reste des voix se présente comme suit: 16 contre, 18 bulletins nuls et 2 bulletins blancs.
Les députés d’Ennahdha et de la coalition Al Karama se sont abstenus de voter.
Agé de 78 ans, Rached Ghannouchi, qui dirige Ennahdha depuis sa création il y a quatre décennies, est devenu le deuxième personnage de l’Etat tunisien en novembre, après avoir brigué son premier mandat électoral lors des législatives d’octobre 2019.
Il a été critiqué notamment pour sa gestion des débats parlementaires.
En conséquence, le président tunisien, Kais Saied avait mis en garde récemment contre un état de « chaos » au sein du Parlement.
La députée du parti nationaliste Chaab, Leila Haddad, a indiqué que son parti avait voté contre Ghannouchi, car il a eu « des difficultés à gérer les travaux du Parlement en raison notamment d’un conflit idéologique ».
Pour le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri, cette motion est due à « une hostilité idéologique contre Ghannouchi et contre la démocratie acquise par la révolution ».
De son côté, le député et dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Samir Dilou, a souligné la nécessité pour le Parlement de revoir son fonctionnement.
Dans un contexte connexe, Dilou a souligné la nécessité d’un renouveau au sein du parti Ennahdha.
« Qu’on le veuille ou pas, le mouvement doit se renouveler et il y a une opportunité pour cela au prochain Congrès », a-t-il dit.
Former un nouveau gouvernement, l’autre défi
Le vote de jeudi au parlement intervient deux semaines après la démission du gouvernement, Elyes Fakhfahk, alors que le président Kais Saied a nommé Hichem Mechichi, un de ses conseillers pour tenter de former un nouveau cabinet susceptible de convaincre le Parlement dans un délai constitutionnel d’un mois.
A défaut, le chef de l’Etat tunisien pourra dissoudre l’Assemblée élue en octobre dernier.
Pour ce faire, Hichem Mechichi, le Chef du gouvernement désigné, tiendra, jeudi après-midi des consultations avec des responsables d’institutions financières, d’organisations anti-corruption et de défense des droits de l’homme.
Durant cette semaine qui s’achève, Mechichi a initié aussi des séances de consultation avec des experts dans les affaires économiques.
Les Tunisiens s’attendent, selon des médias tunisiens, à ce que Mechichi entame d’autres entretiens avec divers groupes politiques après la fête de l’aid.
Dans ce contexte, le président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), Tarak Cherif, a appelé à « hâter la formation d’un gouvernement restreint de technocrates, qui aura pour mission de faire sortir le pays de la crise économique actuelle ».
Dans une déclaration aux médias à l’issue de son entretien avec le nouveau chef du gouvernement désigné, Tarak Cherif a estimé que la Tunisie est « capable de surmonter sa crise actuelle », ce qui nécessite selon lui, « de travailler dans un climat de confiance et de former un gouvernement de technocrates avec des compétences à haute valeur ajoutée ».
Hicham Mechichi, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de gestion des affaires courantes, est le neuvième chef du gouvernement en Tunisie depuis la révolution de 2011.
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