KHENCHELA – Mohamed Salah Ounissi, écrivain célèbre originaire de la wilaya de Khenchela, a consacré 30 ans de sa vie à enrichir la bibliothèque nationale par de multiples ouvrages de transcription du patrimoine amazigh oral dans une démarche de préservation et promotion de cette culture plusieurs fois millénaire.
Approché par l’APS à l’occasion de la célébration du nouvel an 2970 du calendrier berbère, cet écrivain, chaleureux et humble, né en 1949 dans une petite localité des montagnes Ali-nass au Sud de la wilaya de Khenchela, souligne l’impact de sa région dans son attachement à la culture et l’identité chaouies.
Il dit avoir grandi au sein d’une famille conservatrice, fière de ses racines amazighes où le premier enseignement est la récitation du saint Coran, un milieu qui a eu « un effet majeur » sur son parcours littéraire d’historisation de la culture amazighe et l’importance de la transmettre aux générations futures, selon ses propos.
Ounissi a publié 11 ouvrages en langues amazighe, arabe et française durant les 20 dernières années outre l’animation de milliers d’émission radiophonique d’initiation à la langue amazighe chaouie et à sa grammaire.
Il a publié en 2000 son premier ouvrage consacré à la vie du défunt artiste et grand chanteur chaoui, Aïssa Djermouni (1886/1946) et y incluant plusieurs dizaines de poèmes chantés par ce ténor natif de la wilaya d’Oum El Bouaghi.
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En 2003, Ounissi a publié un dictionnaire trilingue chaouie/arabe/français de plus de 4.000 mots. La même année, l’auteur a sorti un recueil du conte populaire amazigh « Amoudh netfousset an ouakdhoudh » suivi d’un ouvrage sur le lexique et grammaire chaouis.
En 2004, il a publié « Les racines de la musique auréssienne » et un recueil sur les maximes, proverbes et devinettes amazighs avec sa traduction en arabe.
Ses ouvrages « Les Aurès, histoire et culture » et le recueil poétique « Thamenthna noumenzou » (Pluie d’automne) sont sortis respectivement en 2007 et 2008 et ont été suivis de plusieurs autres publications dont « Proverbes et maximes populaires d’Aurès » paru en 2015 dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe ».
En 2018, l’écrivain a été honoré par le Haut-commissariat à l’Amazighité (HCA) pour ses efforts de valorisation du patrimoine chaoui et a publié, la même année, ce qu’il considère comme « le premier roman d’histoire en langue amazighe » intitulé « Axel edh dihia » (Koceila et la Kahina Dehia) dans lequel il affirme « avoir corrigé nombre de concepts historiques et révélé des vérités jusque-là tues ».
Ounissi prévoit d’éditer prochainement « Rawaï el-adab el-aourassi » (les sublimes œuvres de la littérature auréssienne) parallèlement à la préparation d’une nouvelle édition corrigée de son dictionnaire trilingue chaouie/arabe/français qui contiendra plus de 7.000 mots.
Un parcours radiophonique intense au service de la langue et culture amazighes
Outre ces nombreuses publications, Mohamed-Salah Ounissi anime depuis plus de 11 ans des émissions radiophoniques à la radio locale de Khenchela dont « Outhley tamazight » (Parle amazigh) consacrée à la grammaire amazighe et la sémantique de ses mots en plus d’émissions à vocation littéraire dont « Thathlit an ouenzar » (Arc en ciel) et « Lehoua en ouedhrer » (Mélodie de montagne).
Cette dernière est consacrée, explique-t-il, aux plus vieilles chansons de la région des Aurès.
Pour son compagnon et ami Boubakr Kadri, lui-même chercheur en patrimoine amazigh, « Ounissi a contribué largement à la diffusion de la culture amazighe par ses ouvrages et ses émissions radio ».
« Ounissi est un pionnier de l’historisation du patrimoine musicale chaouï et a réalisé un travail de fourmi en recueillant les poèmes et littérature orale chaouie dont la vérification de l’authenticité lui avait valu de multiples périples à travers les campagnes et hameaux reculées des Aurès à la rencontre des personnes les plus âgées », a estimé Kadri.
Nadhir Boulethrid, directeur de la bibliothèque principale de lecture publique, pense de son côté que Mohamed-Salah Ounissi peut être considéré comme « le père spirituel de la culture amazighe dans la région et un symbole de la défense de l’identité amazighe par son œuvre qui constituera un référent pour les générations futures ».
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