Tensions au Moyen-Orient : l’Iran et l’Irak répondent aux menaces américaines

Tensions au Moyen-Orient : l’Iran et l’Irak répondent aux menaces américaines - Algérie
Tensions au Moyen-Orient : l’Iran et l’Irak répondent aux menaces américaines

ALGER- L’Iran et l’Irak n’ont pas tardé à réagir dimanche aux menaces américaines de frapper 52 sites iraniens si jamais Téhéran attaquait du personnel ou des sites américains, dans une démarche qui fait craindre un embrasement de tout le Moyen-Orient.

Dimanche, l’Iran a annoncé qu’il allait s’affranchir davantage de l’accord de 2015 sur son programme nucléaire et qu’il ne s’imposait plus de limites pour l’enrichissement d’uranium.

L’annonce de l’Iran coïncide avec la montée des tensions avec les Etats-Unis après la frappe américaine en Irak qui a tué dans la nuit de jeudi à vendredi le général iranien Qassem Soleimani, commandant de la force Al Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution.

Citant un communiqué du gouvernement iranien, la télévision d’Etat a indiqué que l’Iran n’allait plus respecter les limites fixées à ses activités nucléaires dans cet accord : qu’il s’agisse du nombre de  centrifugeuses pour ses capacités d’enrichissement d’uranium, du degré d’enrichissement de l’uranium ou encore de ses activités de recherche et développement. 


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« L’Iran va continuer l’enrichissement nucléaire sans aucune limite et en fonction de ses besoins techniques », a déclaré le gouvernement dans ce communiqué.

Néanmoins, l’Iran a affirmé qu’il allait continuer de coopérer avec l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA).

L’accord de Vienne signé avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et l’Allemagne prévoit une limitation des capacités nucléaires de l’Iran en échange de la levée de nombreuses sanctions internationales.

           

La réponse militaire en plus de la carte nucléaire

 

Les Etats-Unis se sont désengagés de cet accord en 2018 et ont rétabli leurs propres sanctions contre Téhéran.

Outre l’annonce de l’Iran de s’affranchir davantage de l’accord nucléaire de 2015, l’armée iranienne envisage une réponse militaire aux menaces américaines.

Un conseiller militaire de l’ayatollah Ali Khamenei, Hossein Dehghan, a assuré dans un entretien à la chaîne américaine CNN, que la réponse de l’Iran à l’assassinat du général Qassem Soleimani, « sera assurément militaire et contre des sites militaires ».

L’armée iranienne a toutefois a déclaré  » douter » que les Etats-Unis aient le « courage » de frapper l’Iran.


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« Ils disent ce genre de choses pour détourner l’attention de l’opinion mondiale de leur acte odieux et injustifiable », a indiqué le général de division Abdolrahim Moussavi, commandant en chef de l’armée iranienne, cité par l’agence officielle Irna.

En parallèle, l’Irak a convoqué l’ambassadeur américain pour dénoncer des « violations de la souveraineté de l’Irak » par des « opérations militaires illégitimes (…) qui peuvent mener à une escalade des tensions dans la région ».

Dans la foulée, l’Irak a annoncé avoir porté plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU après des « attaques américaines contre des bases irakiennes » et « l’assassinat de commandants militaires irakiens et amis ».

           

La coalition anti-EI et l’OTAN suspendent leurs missions en Irak

 

Il a été dit à l’ambassadeur Matthew Tueller que « ces opérations militaires illégitimes menées par les Etats-Unis sont des attaques et des actes condamnables qui peuvent mener à une escalade des tensions dans la région et qu’elles constituent une violation de la souveraineté » du pays, selon un communiqué du ministère des Affaire étrangères irakien.

Le Parlement irakien a également demandé au gouvernement de  » mettre fin à la présence des troupes étrangères  » en Irak en commençant par  » retirer sa demande d’aide  » adressée à la communauté internationale pour combattre le groupe Etat islamique compte tenu de la fin des opérations militaires en Irak et de la victoire achevée contre Daech.

« Malgré les difficultés intérieures et extérieures que nous risquons d’affronter, cela vaut mieux pour l’Irak, en principe et en pratique », a affirmé le Premier ministre démissionnaire, Adel Abdel-Mahdi, à propos de la demande de retrait des troupes américaines.

Pour autant, le retrait total des Etats-Unis d’Irak n’est pas désormais acté. La résolution votée par le Parlement irakien n’a pas force de loi, d’autant qu’elle est adressée à un gouvernement démissionnaire, selon des opposants irakiens.

Au total, 5.200 soldats américains sont déployés en Irak, représentant le plus important contingent des forces de la coalition antiterroriste formée en 2014 contre l’EI.

Peu avant le vote du parlement irakien, la coalition internationale anti-EI a annoncé dimanche suspendre l’entraînement des forces irakiennes et le combat contre l’EI, car elle est « désormais totalement dédiée à protéger les bases irakiennes » qui accueillent ses troupes.

L’Organisation du traité atlantique Nord (OTAN) a fait savoir de son côté qu’elle suspendait l’ensemble de ses missions d’entraînement en Irak.

Face à ces tensions qui s’accentuent, le secrétaire le secrétaire de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a décidé, après des « discussions avec les alliés », de réunir lundi de manière extraordinaire les ambassadeurs des 29 pays de l’alliance atlantique.

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a invité à Bruxelles le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif en vue d’encourager une « désescalade » des tensions dans la région.

Dans la foulée des réactions aux menaces du président Trump, le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a, quant à lui, appelé les alliés de l’Iran à « cibler l’armée américaine pour la chasser de la région ».

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