ALGER – Après une intense médiation qui a ravivé l’espoir de paix au Sahara occidental, le processus de règlement Onusien s’est heurté en 2019 au blocage depuis le départ de Horst Kohler, Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unis, dont le poste est toujours vacant.
M. Kohler, ancien président allemand, a décidé en mai dernier de se retirer de son rôle d’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental après vingt mois de médiation qui l’ont vu insuffler une nouvelle dynamique au processus de règlement du conflit au Sahara occidental.
Sa démission a répondu à un souci de santé mais le double jeu du Maroc a certainement renforcé sa conviction de renoncer à sa mission de médiation. Avec son départ, le conflit au Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun.
Politicien avisé, l’ancien émissaire a reconnu à l’issue d’une deuxième table ronde tenue en mars à Genève (Suisse) que la tâche n’était pas facile et qu’il ne fallait pas « s’attendre à un résultat rapide car les positions divergeaient toujours fondamentalement ».
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Campant sur sa position de blocage, le Maroc ne s’est pas montré coopératif rejetant les mesures de confiance sur lesquelles a insisté l’émissaire ONUsien en particulier celles portant sur « le déminage et la reprise des visites entre familles sahraouies ».
Pour le Front Polisario, l’inflexibilité manifestée par l’occupant marocain lors de ces discussions fait « voler en éclats toute chance de restaurer la confiance et de faire avancer les questions essentielles ».
La déception était à la hauteur de l’espoir du peuple sahraoui qui a cru que l’autodétermination était enfin à sa portée après vingt-hit ans de promesses non tenues.
Le double échec de l’ONU et du Conseil de sécurité
Alors que l’absence d’un Envoyé personnel a paralysé le processus de paix, l’ONU a été invitée plusieurs fois à préserver l’élan de Genève en permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, seul moyen de parvenir à une solution pacifique et durable dans la dernière colonie en Afrique.
Il va sans dire que le retard pris dans la désignation d’un nouvel émissaire pour le Sahara occidental a été exacerbé par les conditions préalables imposés par le Maroc.
Dans les faits, l’ONU tout comme son organe suprême, le Conseil de sécurité, ont manqué en 2019 l’occasion d’éviter le blocage du processus politique et permettre à la Mission de l’ONU pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO) d’accomplir la mission pour laquelle elle a été créée.
En octobre, un Conseil de sécurité divisé a adopté une résolution déséquilibrée qui a porté un sérieux coup à l’élan politique qu’il a entretenu pendant 18 mois.
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Le texte prorogeant le mandat de la MINURSO d’une année a rompu avec la pratique en vigueur depuis plus de deux ans, en vertu de laquelle le mandat de la MINURSO était reconduit sur une base semestrielle.
La résolution présentée par les Etats-Unis mais marquée surtout par l’empreinte de la France, a été critiquée par plusieurs membres du Conseil de sécurité pour « son libellé favorable au Maroc ».
L’Afrique du Sud, la Russie et la Chine ont déploré des tentatives d’estomper des paramètres de règlement du conflit convenus dans les résolutions précédentes du Conseil de sécurité.
La référence aux notions de « réalisme » et « compromis » dans ladite résolution était une tentative de saper certains principes, dont le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, qui pourtant a été consacré par l’Assemblée générale et les résolutions pertinentes du Conseil sécurité.
Face au blocage, la poursuite de la lutte
En septembre, le SG de l’ONU, Antonio Guterres, a levé toute équivoque sur la nature du conflit au Sahara Occidental, réaffirmant dans un rapport soumis à l’Assemblée générale que les organes de l’ONU traitent ce dossier comme une question de décolonisation.
En parallèle, le Front Polisario qui continue d’appeler de ses vœux à sortir de cette impasse, a affirmé qu’il « ne sera jamais acteur d’un processus ne respectant pas le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
L’affirmation a été réitérée par son secrétaire général, Brahim Ghali, également président de la République arabe sahraouie (RASD), à l’issue du 15ème Congrès du Front Polisario, tenu dans les territoires sahraouis libérés de Tifariti du 19 au 25 décembre.
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Le Congrès a été l’occasion de rappeler la poursuite de la lutte du peuple sahraoui et l’apport décisif que pourrait apporter l’Union africaine (UA) à la libération des territoires occupés.
Simultanément, la forte présence des délégations étrangères à ce congrès a reflété l’élan de solidarité internationale à la cause sahraouie, exprimé auparavant à l’occasion de la 44ème conférence européenne de soutien au peuple Sahraoui (EUCOCO), qui s’est tenue novembre à Victoria-Gastiez en Espagne, avec l’ambition de contribuer à l’effort de progresser vers une solution pacifique, et constituer « un jalon dans le processus de paix ».
Dans le même sillage, l’année 2019, a été marquée par une mobilisation accrue des ONG et des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde pour empêcher le pillage des ressources naturelles au Sahara Occidental qui, par ailleurs, se poursuit sans le consentement de son peuple, propriétaire légitime du territoire.
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