PARIS, – Le virage diplomatique opéré par l’Elysée à travers son soutien affiché au prétendu « plan d’autonomie » marocain au Sahara occidental pourrait être motivé par des informations sensibles obtenues à son insu par le Maroc, a indiqué le site d’information Afrik.com, soulignant que les critiques internationales se multiplient à ce sujet et Paris pourrait se retrouver isolée.
Dans un article paru jeudi sous le titre : « Sahara occidental : la diplomatie franco-marocaine d’Emmanuel Macron sous l’influence de Pegasus ? », le site est revenu sur les interrogations que suscite cette « volte-face » diplomatique ayant conduit le président français à exprimer son soutien à la prétendue « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental.
A cet égard, l’auteure de l’article, Hélène Bailly, a rappelé qu’en 2021, Le Monde et un consortium de médias internationaux révélaient que le téléphone de Macron et ceux de plusieurs ministres français avaient potentiellement été ciblés par les services marocains via un logiciel espion sioniste, à savoir Pegasus.
« Avec cette affaire en arrière-plan, certains observateurs estiment que le virage diplomatique de la France pourrait être motivé par des informations sensibles obtenues à son insu par le Maroc », a-t-elle souligné en dépeignant « un président ébranlé par l’espionnage ».
« En 2021, l’affaire Pegasus avait secoué l’Elysée comme rarement une affaire d’espionnage n’a pu le faire. Emmanuel Macron, d’ordinaire imperturbable, se serait montré profondément touché lorsqu’il avait découvert que son numéro de téléphone, ainsi que ceux de son Premier ministre Edouard Philippe et de quatorze autres membres du gouvernement, figuraient parmi les cibles potentielles de surveillance des services marocains », écrit également Afrik.com.
Evoquant, en outre, le camouflet judiciaire qu’a subi le Makhzen en France suite à sa plainte pour diffamation liée à son implication dans le projet Pegasus, Hélène Bailly a ensuite fait le lien entre le virage diplomatique de Macron et le revirement du chef gouvernement espagnol en faveur du sinistre « plan d’autonomie » au Sahara occidental.
« Il faut rappeler qu’en juin 2022, l’affaire Pegasus avait déjà émergé en Espagne avec des accusations de surveillance téléphonique par le Maroc visant des personnalités espagnoles, notamment l’épouse du chef du gouvernement Pedro Sanchez », a-t-elle souligné.
Afrik.com a notamment cité plusieurs médias locaux, selon lesquels ces écoutes auraient pu influencer la décision de ce dernier de soutenir le plan expansionniste marocain, un revirement perçu comme une « catastrophe diplomatique » par la classe politique espagnole. « Une interrogation qui revient aujourd’hui pour expliquer le revirement du Président français ».
Dans ce contexte, le portail a cité le rapprochement économique controversé à coup de milliards d’euros entre la France et le Maroc, notant que trois ans après l’affaire Pegasus, subitement les tensions entre les deux pays sont apaisées sur le dos de la réalité économique et du pillage à venir du Sahara occidental.
Selon Afrik.com, « le soutien de Macron à la (prétendue) « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental marque une rupture historique avec la politique de neutralité traditionnelle de la France, et se heurte aux principes du droit international ». Ce positionnement, poursuit Afrik.com, « soulève des questions cruciales sur l’avenir de la diplomatie française ».
L’auteure de l’article cite le quotidien de référence Le Monde, pourtant proche d’Emmanuel Macron, qui a écrit que Paris n’a aucun intérêt « à tout miser sur le Maroc, un pays à la gouvernance parfois erratique, à l’oligarchie prédatrice, fragilisé tant par ses inégalités sociales abyssales ».
« Pourtant, la France semble prête à renoncer à ses engagements internationaux pour tout miser sur le Maroc dans sa stratégie africaine », a-t-elle fait remarquer.
« Cette volte-face illustre un tournant dans la politique étrangère française, où les valeurs et le droit semblent s’effacer au profit d’un réalisme politique parfois opaque. Alors que les critiques internationales se multiplient, la France pourrait se retrouver isolée et questionnée quant à son attachement à la souveraineté des peuples, un principe pourtant cher à sa diplomatie historique », conclut le portail.
La France choisit « son camp »