CHLEF – Le centre intermédiaire de soins en addictologie (CISA) de Chlef, ouvert en 2010, offre une opportunité de réinsertion sociale pour un nouveau départ dans la vie aux personnes addictes aux différentes drogues, jeux électroniques, écrans, travail, nourriture ou aux achats compulsifs, et qui veulent volontairement se soigner.
Cette structure sanitaire disposant de spécialistes en psychiatrie, psychologie et en addictologie, enregistre ces deux dernières années, une affluence de personnes de différents âges et horizons sociaux, qui veulent s’y soigner et bénéficier de la qualité des prestations sanitaires proposées.
Le choix de ce centre par les personnes addictes est aussi dicté par les résultats positifs obtenus dans le traitement de nombreux cas d’addiction et ayant permis aux patients de reprendre une vie normale au sein de la société.
A ce propos, la directrice de l’établissement public de santé de proximité (EPSP) d’Ouled Fares, Hadjira Guermah, a indiqué que durant l’année 2023, plus de 770 cas d’addiction ont été admis au centre, dont 50 femmes. En 2022, le nombre de patients admis était de 470, alors qu’il n’a pas dépassé les 288 cas, dont 8 femmes, en 2021.
La hausse du nombre des personnes addictes admises au centre est due àl’émergence d’une prise de conscience parmi cette catégorie et au sein desfamilles, de la nécessité de lutte contre les différentes formesd’addiction pour une réinsertion dans la société, ainsi que la mise à ladisposition de ces patients d’un staff médical qualifié, a-t-elle expliqué.
La mise en place d’un programme de traitement pour le suivi et l’accompagnement des cas psychologiques ou sociaux qui sont pris en charge au sein du CISA, explique aussi cette prise de conscience et la fréquentation notable observée, a ajouté la directrice.
La semaine nationale de prévention (15-21 avril) initiée par le ministère de la santé et organisée à travers les différentes wilayas, a été l’occasion, pour l’APS de constater cette forte affluence.
Pas moins de 60 personnes sont reçues quotidiennement au CISA, soit pour une consultation, une prise en charge ou un accompagnement à distance, a fait savoir la cheffe de service de cet établissement, le docteur Souad Djebara.
Elle a indiqué que le centre accueille des personnes d’âges différents, assure diverses prestations, dont en pédopsychiatrie, ainsi que l’orientation des familles ou des proches des patients dans le cadre de l’accompagnement psychologique et social afin d’éviter une éventuelle rechute.
Le CISA de Chlef est encadré par un staff médical composé de quatrepsychiatres, deux psychologues, un médecin spécialisé en addictologie, uneassistante sociale, des infirmiers et un personnel administratif.
Traitement intégré et volonté de lutter contre la toxicomanie
Selon le Dr Razika Chenaoui, psychologue, le centre propose « des étapes de traitement intégré qui contribuent de manière significative à la lutte contre l’addiction en hausse dans la société », soulignant l’importance de la volonté des personnes d’abandonner les habitudes comportementales nuisibles et la consommation de diverses substances stupéfiantes dangereuses, dans la réussite du traitement.
Les spécialistes reçoivent d’abord les personnes addictes et diagnostiquent les facteurs ayant conduit à leur addiction, qu’il s’agisse de facteurs génétiques, de prédispositions psychologiques ou de l’environnement.
Elles sont ensuite orientées vers un neuropsychiatre et subissent des analyses générales. pour certains cas, les patients entament directement des séances avec des psychologues, à raison d’une séance tous les dix jours, pour une durée de 30 à 40 minutes, selon des rendez-vous préétablis, a expliqué Dr. Chenaoui.
Outre le programme de traitement, les patients suivent une phase de réhabilitation supervisée par une infirmière ergothérapeute de la santé publique. Durant cette phase, on enseigne aux toxicomanes des métiers et des activités qui leur permettront d’intégrer le monde du travail une fois guéris de leurs addictions.
Intervient ensuite l’assistance sociale qui leur simplifie les nombreusesdémarches administratives et veille à ce qu’ils soient recrutés dans des environnements professionnels qui facilitent leur intégration.
Pris en charge par le centre, Salim, 27 ans, originaire de Chlef, souffrait d’une addiction aux drogues depuis 2018, suite à un traumatisme psychologique dû à une bagarre avec l’un de ses pairs et à son emprisonnement pendant six mois, alors qu’il était étudiant universitaire et menait une vie normale.
L’histoire de la lutte de ce jeune homme contre l’addiction a commencé, en solo, lorsqu’il s’est abstenu, de son propre gré, de consommer des drogues pendant une année entière, avant de rechuter une première fois, et recommencer à prendre des comprimés hallucinogènes, ce qui l’a décidé à contacter le centre pour bénéficier d’un accompagnement dans sa quête de désintoxication.
Malgré un deuxième échec dans le processus de traitement de Salim, sa forte volonté l’a motivé à suivre un programme de réduction progressive du nombre des cigarettes qu’il fumait et de la quantité de boissons alcoolisées qu’il absorbait, pour arriver finalement à zéro dose.
Par la suite, il a suivi des séances psychologiques qui ont abouti à sa victoire sur la dépendance et au rétablissement de sa vie normale, selon le médecin spécialiste, Dr Chenaoui.
Outre les cas d’addictions aux drogues et aux boissons alcoolisées, le CISA prend en charge les personnes souffrant d’addiction aux écrans, à la nourriture, aux jeux électroniques, aux achats compulsifs, et toutes autres formes de comportement nocif, même la boulimie.
Les responsables du CISA insistent sur l’importance de l’intensification du travail de sensibilisation et de conscientisation ciblant toutes les tranches d’âge, avec la participation de divers acteurs, notamment les associations et les clubs de jeunes, pour lutter cotre toutes les addictions malsaines.
A noter que dans le cadre de la semaine nationale de prévention, l’EPSP de Ouled Fares a organisé des portes ouvertes sur le CISA qui ont attiré un grand nombre de visiteurs qui ont reçu des explications détaillées sur les différentes missions du centre et des soins qu’il assure.
En parallèle, des opérations de sensibilisation sur la prévention sont organisées à l’université, dans des auberges de jeunes et à travers des centres de formation professionnelle.
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