2020 à Tipasa: des dégâts considérables causés par des incendies de forêts visant la déstabilisation du pays

TIPASA – La nuit du 6 au 7 novembre de l’année 2020 restera sans nul doute gravée, comme un souvenir tragique face à l’horreur des incendies qui ont fait rage en pleine automne, déclenchés simultanément dans 11 wilayas du pays, causant d’importantes pertes matériels et la mort de deux personnes à Tipasa. Un acte, dont les enquêtes judiciaires ont confirmé l’intention criminelle visant à déstabiliser le pays.

Le bilan des services des forêts de la wilaya pour la campagne de lutte contre les feux de forêts (du 1er juin au 31 octobre 2020), a révélé que la wilaya a enregistré les plus lourdes pertes de ces dix dernières années, soit 5.000 ha du patrimoine forestier partis en fumée.

La région de Gouraya, 70 km à l’ouest de Tipasa, et la plus touchée par ces incendies, a enregistré, durant la seule nuit funeste du 6 au 7 novembre dernier, les plus lourdes pertes à l’échelle nationale, avec la perte de deux personnes, mortes brûlées, et prés de 500 ha de forêts et de cultures et 33.500 arbres fruitiers ravagés par les flammes. A cela s’ajoute, plus d’une vingtaine d’habitations totalement décimées par les feux avec autant de familles qui se sont retrouvées sans toit, sur un total de 45 familles sinistrées, à l’échelle nationale.

A Tipasa, les incendies se sont déclarés dans l’après-midi du vendredi 6 novembre, dans la région montagneuse de « Mehaba » sur les hauteurs de Gouraya, à l’extrême ouest. Au même moment que dans 10 autres wilayas forestières du littoral de l’ouest jusqu’au centre du pays ce qui a renforcé la l’hypothèse de l’acte criminels, d’autant plus que les feux se sont déclarés près de zones d’habitations, ce qui est un indicateur « dangereux  » avait déclaré le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, lors de sa visite dans la région, suite à ces incendies et qui a présenté ses condoléances aux familles des deux victimes.

Djerad, en affirmant « l’hypothèse d’un acte criminel n’était pas écartée », avait demandé l’ouverture « d’une enquête minutieuse » pour déterminer les circonstances de ces incendies.

En solidarité avec les familles des victimes décédées, le Premier ministre avait chargé la wali de Tipaza, Labiba Ouinaz, « de leur remettre des aides financières de la part du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour exprimer sa solidarité et le soutien de l’Etat à ses citoyens en temps de crise.

Au titre de l’élan de solidarité suscité, à l’échelle nationale, au profit de la région, le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a mobilisé, pour sa part, 50 psychologues pour la prise en charge des victimes des incendies, notamment les catégories vulnérables, à l’instar des enfants, outre l’octroi au profit des familles sinistrées de quantités considérables de produits alimentaires, de la literie et des appareils électroménagers.

 

Neutralisation d’une bande visant à déstabiliser le pays

 

Parallèlement à l’intensification des investigations et des enquêtes sécuritaires lancées par les autorités compétentes, l’effort de l’Etat s’est poursuivi pour la prise en charge des familles sinistrées au niveau de l’auberge de jeunes de Gouraya, tandis que des commissions techniques ont été installées au niveau de la daïra, en vue de recenser et d’évaluer les pertes causées par ces incendies, pour dédommager les sinistrés, conformément à l’engagement pris par le Premier ministre pour l’indemnisation des agriculteurs et le relogement des familles sinistrés.

Le 16 novembre dernier, soit une dizaine de jours après la catastrophe, le procureur de la République auprès du tribunal de Cherchell, Kamel Chenoufi, avait annoncé l’arrestation de 19 individus, répartis en quatre groupes, impliqués dans le déclenchement volontaire des incendies au niveau des forêts de Gouraya.

Sur ces quatre groupes, deux étaient complices. L’un compte trois éléments qui ont « planifié cet acte criminel dans le but de déstabiliser le pays, avec la complicité de parties adverses de l’intérieur et de l’extérieur du pays, en contrepartie de sommes en devises », est-il signalé.

Selon le procureur Chenoufi, les recherches réalisées sur les téléphones portables des mis en cause « ont confirmé le transfert de fonds via Western Union Bank », outre « la découverte de messages (SMS) et photos prises pendant le déclenchement des incendies ».

Ce premier groupe de suspects a été poursuivi pour les chefs d’accusation d' »actes de sabotage, atteinte à la sécurité de l’Etat et déclenchement de feux ayant conduit à la mort de deux personnes », en plus d’ »atteinte à des biens publics et privés ».

Un mandat d’arrêt international a été, par ailleurs, délivré à l’encontre de quatre individus ayant traité avec ce premier groupe à partir de l’étranger pour « renseignement et complot contre la sécurité de l’Etat ».

Le 2ème groupe compte huit éléments qui, sur incitation du premier groupe, a « déclenché volontairement des incendies « , signale-t-on.

Afin de raviver, avec plus de densité, le couvert forestier brûlé et compenser les pertes, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad avait donné, le 21 novembre dernier, le coup d’envoi d’une large la campagne nationale de reboisement, à partir du barrage Boukerdane sur les hauteurs de Tipasa, « en réponse aux ennemis du pays et de la nature », avait-il dit.

En marge de cette opération, le Premier ministre a appelé les services concernés à « accélérer » les procédures d’indemnisation des agriculteurs touchés par les incendies de forêts.

Le 13 décembre courant, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé dans un communiqué, la signature de la décision d’indemnisation des victimes des incendies de forêt, par un montant de plus de 100 millions de DA, en application des instructions du Premier ministre, dont un taux 74% de ce montant a été réservé à l’indemnisation des agriculteurs de la wilaya de Tipasa.

Cette décision, qui concerne 10 wilayas sinistrées, permettra « la relance de l’activité agricole suite aux dégâts occasionnés par ces feux de forêt », est-il précisé.

Dans le prolongement des efforts engagés au niveau central, les commissions techniques locales poursuivent l’élaboration des dossiers d’indemnisations des agriculteurs sinistrés. La Conservation des forêts de la wilaya a signalé la mobilisation, à ce titre, d’une enveloppe de plus de 51 millions de DA, pour le dédommagement « en nature », de la perte de 47.000 arbres fruitiers, selon le conservateur des forêts de Tipasa, Mohamed Belaib.

La direction des services agricoles de la wilaya se chargera, pour sa part, des dédommagements « en nature » des pertes en ressource animale, estimées à 24 millions de DA, selon le responsable de cette direction, Ben Maamar Miloud.

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